Qui est Média Sport Promotion ?
Laurent Pietrocola : "MSP (Média Sport Promotion) est une société créée en 1994 par trois rugbymen et va donc fêter ses 20 ans cette année. Notre activité est orientée sur le rugby et vise notamment la recherche de partenaires financiers prêts à soutenir des clubs (Lyon, Bourgoin, Nantes, Villefranche, etc.) ou des nations (Belgique, Pologne, Maroc, etc.). Media Sport Promotion est le "collaborateur et l’animateur" pour ces clubs.
Le fonctionnement commerciale de notre entreprise, est particulièrement simple, puisque MSP est rémunéré au pourcentage par rapport aux chiffres d’affaires qu’elle apporte. Ce pourcentage comprend, la prise en charge des frais inhérents à l’accompagnement des clubs ou fédérations (places de stade, soirées VIP, mises en place d’évènements spécifiques, etc.).

MSP existe car il faut être conscient que le mécénat, principalement au niveau sportif, a pratiquement disparu. Désormais, si une entreprise associe son nom à une activité sportive ou autre, elle en recherche aussi un retour sur investissement immédiat. Le sponsoring est ainsi devenu un canal permettant la mise en relation des acteurs du monde de l’entreprise qui peuvent, dans un cadre moins protocolaire, se rencontrer et, éventuellement rebondir sur d’autres projets professionnels. C’est ce que l’on appelle le B to B (business to business). Et c’est l’ADN de Media Sport Promotion. Nous avons créé l’entreprise sur ce principe.

L’activité de MSP s’étend également vers la formation dans le marketing sportif, les séminaires en entreprise ainsi qu’une activité qui consiste en la mise en place de tournois de Golf autour de nombreuses personnalités sportives, économiques et politiques".

Qui est Laurent Pietrocola ?
L.P. : "Je suis avant tout un rugbyman. J’ai toujours été fidèle au S.O. Givors comme numéro 10 ou 15. Notre équipe possédait un caractère bien trempé qui a vu nombre de ses joueurs devenir des entraîneurs confirmés (Thomas Putra à Givors et à la tête de la sélection polonaise, Gil coquard à Bourg et à la tête de la Suisse ainsi que Richard McClintock que je ne vous présente pas. Je pourrais ajouter Eric Ballay, Bruno Mousset, Rémi Bessieux, François Hormancey et j’en oublie qui ont entrainé des clubs de la région lyonnaise). C’est avec de tels hommes et des joueurs comme les frères Desbrosse que nous avons été aux portes du groupe A, éliminés par Mont de Marsan".

Quel est le lien de MSP avec la Belgique ?
L.P. : "Sans Richard McClintock (ndlr : entraineur des Diables Noirs), Media Sport Promotion ne serait pas en Belgique. Pour l’expliquer, vous devez d’abord savoir que Richard est avant tout un ami. Cette amitié date de nos années rugby où nous avons combattu ensemble sur les terrains. Ensemble, nous avons créé des projets insensés (des médicaments pour Cuba, le Tournoi des Petits Princes pour les enfants des zones sensibles, équiper l’hôpital Debrousse de télé pour les enfants malades, etc.). De ce passé commun, j’ai gardé une totale confiance dans ses engagements et la foi qu’il met et sait transmettre. De son côté, il sait me trouver à ses côtés dès qu’il a une idée, et il en a de nombreuses, le plus souvent assez surprenantes !!
Aussi, lorsque Philippe Damas et Dany Roelands ont choisi Richard pour prendre les commandes de l’équipe nationale belge, il nous a mis en contact avec eux afin d’apporter notre soutien au projet sportif mis en place, soutien financier, car là est bien le nerf de la guerre.
Et à l’époque il fallait vraiment croire en lui et en son projet pour le suivre.

A l’époque, en 1994, mais peu s’en souvienne, l’équipe nationale belge était moribonde et culminait au 57ème rang mondial. Cette équipe se caractérisait par des joueurs peu motivés, un public clairsemé, des matchs joués dans un anonymat médiatique et surtout une absence de partenaires financiers. Je dois avouer, qu’au départ, nous avons longuement hésité à venir devant une situation peu attirante et notre méconnaissance même de l’existence du rugby en Belgique. Comme souvent, Richard s’est montré convainquant, persuasif sur la possibilité de vivre quelque chose de grand, d’unique. Et, depuis 10 ans nous accompagnons cette merveilleuse aventure, sans regret.
Notre rôle est assez simple, trouver des partenaires financiers prêts à s’engager afin de soutenir les Diables Noirs. Cela ne se fait cependant pas sans mal. Aux difficultés des premières années, s’en sont ajoutées d’autres plus ou moins volontaires. Malgré les résultats spectaculaires de l’équipe nationale, véritable vitrine du rugby en Belgique et à l’étranger, mais aussi la volonté des dirigeants d’en faire un réel spectacle, le rugby belge semble hésiter à se donner les moyens d’entrer de plain-pied dans le monde économique et médiatique de la société belge par le biais de dirigeants issus du monde économique ou politique.

Nous le constatons tous les jours à travers les clubs que nous accompagnons. Que ce soit au LOU (Olivier Ginon patron de GL Events), à Bourgoin ou même pour la Fédération Polonaise, à coté de dirigeants issus du sérail s’associent des hommes d’autres horizons qui apportent une réelle plus-value et des réseaux très utiles au développement des ambitions.

C’est aujourd’hui le cap que doit passer le rugby Belge pour atteindre d’autres niveaux. Nous avons vu nos limites lors de ce dernier championnat d’Europe. Nos partenaires, pour leur part, ont apprécié le comportement des joueurs de l’équipe nationale et de son staff. Ils savent que cette équipe a fait plus que le maximum, gagnant ainsi, non seulement leur respect mais aussi celui de leurs adversaires (pourvu pourtant de moyens financiers bien supérieurs).
C’est donc à nous, entreprises partenaires, de les soutenir encore plus et de trouver des solutions pour que leur engagement perdure et soit enfin récompensé à la hauteur de leur investissement".

Quel est votre apport au niveau du rugby Belge ?
L.P. : "Avant tout, il faut savoir qu’un entraîneur de la qualité de Richard à un coût qui n’est aucunement supporté par la Fédération. C’est rare, c’est même très rare et Il serait très difficile de citer un seul exemple d’entraîneur (je parle ici, bien entendu, d’entraîneur qualifié, reconnu et avec un palmarès) qui ne coûte pas un centime à son employeur, qui amène ses propres ressources (de ce fait peu importe le montant) et qui plus est, cherche également à trouver les moyens, afin de défrayer ses joueurs lors des compétitions. Pour ma part, je n’en connais pas".

Dès le départ de notre collaboration avec la Fédération, le "deal", comme le souhaitait Richard, était d’apporter des finances auxquelles le rugby belge n’a pas accès (Renault Trucks ; Alloin ; SONEPAR..Etc), qui permettent, non seulement de couvrir ses frais mais aussi d’aider en partie, le budget de la Fédération. Nombre des partenaires qui accompagnent les Diables Noirs investissent dans le rugby belge parce que nous leurs vendons un projet et un rêve qui parait aujourd’hui accessible de participer à un niveau de compétition extraordinaire et pourquoi pas d’accrocher une place qualificative un jour à une coupe du monde.

Richard est un leader incontesté et le meilleur "commercial" de l’équipe nationale. Il sait persuader avec moi les chefs d’entreprises de croire dans ces hommes qui lui sont dévoués mais aussi, parce que le réseau de Média Sport Promotion (plus de 1500 entreprises) permet à ces mêmes partenaires d’accroître leur potentiel économique et donc de pouvoir faire du business via ce réseau. Le tout est intimement lié.
Et oui, au risque de décevoir, il faut savoir que c’est rarement l’amour du rugby qui fait qu’ils s’engagent auprès de nous, du moins au départ. Après, c’est là que s’opère toute la magie de notre sport, des valeurs qu’il véhicule, des personnes qui l’anime, des hommes qui en font l’histoire .... Nos partenaires deviennent des aficionados des diables noirs.

Le travail est cependant loin d’être terminé. On doit continuer et continuer à les convaincre et en convaincre de nouveaux. Mais pour ce faire, chacun des intervenants (MSP et fédération) se doit de jouer efficacement son rôle. Si l’un des deux failli, cela devient difficile de les garder".

Que réponds-tu aux critiques à votre égard vous estimant trop peu actif auprès de la Fédération belge ?
L.P. : "Je ne sais pas ce qu’on entend par "actif" ? On nous a fait d’autres reproches directement, mais pas encore celui là... Mais nous n’avons jamais été invité à un CA (par exemple) pour expliquer notre travail, nos difficultés, etc... Je pense que pour une société "inactive", je nous trouve plutôt efficace depuis 8 ans, en nous débrouillant seul et sans aide particulière de qui que se soit".

Comment voyez-vous la suite ?
L.P. : "Nous ne sommes pas inquiets tant que le rugby Belge continue ainsi son évolution, même si parfois nous aimerions plus d’audace et plus de consensus. Nous constatons que la fédération tend vers un certain professionnalisme au niveau de son organisation, que les clubs se structurent également avec succès et que de nombreux joueurs, d’un excellent niveau, apparaissent de plus en plus. Alors, nous sommes confiants et nous faisons confiance !

Nous sommes fiers de travailler pour la Fédération Belge de Rugby.
C’est un travail de longue haleine que d’accéder au haut niveau et surtout de se maintenir. Depuis 10 ans l’Équipe Nationale, mais aussi l’ensemble du rugby Belge n’a eu de cesse de progresser, d’avancer, de gagner en respectabilité.

Ce n’est pas ce premier arrêt (la descente en ENC 1B) qui doit remettre en question tous les efforts accomplis par tous, bien au contraire. Il doit être pris comme un coup de fouet, salutaire, mais non comme un échec des compétences du staff ou des joueurs. De notre côté, avec nos partenaires, nous l’avons bien compris, nous allons chercher à accentuer notre soutien aux Diables Noirs et à son staff pour, qu’au plus tôt, nous revenions dans ce Tournoi des VI Nations B et qui sait….."

Je présume que si le contrat de Richard McClintock n’est pas renouvelé, MSP cessera également sa collaboration avec la Fédération belge.
L.P. : "Pour ce qui est de notre contrat, il court jusqu’au 31/12/2015, alors on verra bien ou on en sera Richard et nous à ce moment-là".