Vendredi, 5h30 du matin, place du Luxembourg. Ni tracteur, ni fêtard à l’horizon. Ce n’est pas l’heure non plus à laquelle les fonctionnaires des institutions européennes rejoignent le quartier européen. Et pourtant, en ce vendredi 22 novembre, dans une atmosphère humide, froide et franchement maussade, les 37 joueurs et membres du staff de l’équipe de rugby du Parlement européen sont réunis pour une nouvelle aventure. La Tournée au Pays de Galles peut commencer.
Accueil gallois et diplomatie parlementaire
Dire que le périple en bus passa crème serait exagéré surtout en comparaison de l’option ferroviaire, prise un an plus tôt, vers l’Écosse, mais toute tournée a son lot de surprises, et rapidement la délégation européenne — et ses multiples nationalités — atteint Calais. Après un contrôle des passeports britannique court mais strict, l’équipe quitte le vieux continent. La silhouette du cheval blanc des falaises de Folkestone confirme rapidement qu’ils sont bien arrivés en terre post-Brexit. C’est à ce moment précis que la réalité sportive s’impose : dans moins de 24 heures, ils affronteront la solide équipe de rugby du Parlement gallois. Les discussions tactiques peuvent commencer autour des coachs Alain Bloëdt et Ollivier Gimenez, tout comme les célèbres embouteillages de la M25 encerclant Londres.
Après de longues heures de circulation, la vue du Prince of Wales Bridge enjambant l’estuaire du Severn est un soulagement. Malgré les retards, l’ambiance reste excellente. Á peine arrivée à Cardiff, elle est renforcée par l’accueil chaleureux de leurs hôtes gallois au sein même de leur jeune Parlement, le Senedd Cymru. Étroitement lié à l’Angleterre, le Pays de Galles s’est en effet doté en 1997, à la suite d’un référendum, d’une Assemblée dévolue, dont les compétences, initialement limitées, ont été nettement renforcées en 2011 après une nouvelle consultation populaire, notamment dans des domaines clés comme la santé, l’éducation et les collectivités locales. Installé dans le quartier de Cardiff Bay, le Senedd Cymru est depuis devenu un bâtiment emblématique de la capitale et le cœur battant de la démocratie galloise, une fierté largement perceptible lors de la réception, des discours et de la visite, fidèles à la tradition de ces rencontres intra-parlementaires.
Boue, hymnes et fraternité sur le terrain
Samedi matin l’heure du match approche. Petit-déjeuner anglais complet pour certains, première rencontre avec la Marmite pour d’autres, pendant que sacs, protège-dents, crampons et chaussettes sont chargés dans le bus en direction du Llandaff RFC. La date de création, en 1876, de ce club de Cardiff, hôte de ce match entre les parlements gallois et européen, rappelle immédiatement à chacun, combien le rugby coule depuis si longtemps dans le sang gallois.
Le décor qui les attend tient de la carte postale de tout rugbyman voyageur : à l’arrière du club-house se distingue, sur une magnifique plaine verte si typique du Royaume-Uni, un terrain parfaitement praticable pour quelques minutes encore, en raison d’une météo very british. Des circonstances qui rappellera un peu plus tard, au staff européen, combien il est obligé de s’entraîner sur le terrain en herbe de la Foresterie, à Watermael-Boitsfort, plutôt que sur le synthétique avant tout déplacement outre-Manche ! Après l’Ode à la joie et le Hen Wlad Fy Nhadau (« Vieux pays de mes pères »), le Senedd Cymru sort gagnant d’un combat boueux d’avants que l’EPXV viendra éclaircir en marquant par deux fois dans les quarts-temps consacrés au touch rugby. Reflétant la diversité des assemblées qu’ils représentent, le rugby parlementaire évolue selon les règles vétérans, dans un format mixte – homme/femme – et ouvert aux pratiques contemporaines du rugby, comme le touch.
Rugby, histoire et émotions au Principality Stadium
Il est à peine 13h, lorsque la délégation quitte la magnifique réception d’après-match animée par ces traditionnelles récompenses et ses discours. Une autre rencontre les attend, plus paisible mais tout aussi exaltante. Direction l’écrin majestueux du Principality Stadium — anciennement connu sous le nom de Millennium Stadium — pour le test-match entre le Pays de Galles et la Nouvelle-Zélande.
A cette première confrontation parlementaire historique du matin, se succèdent deux autres évènements tout aussi marquants pour cette jeune équipe, née à Bruxelles, en 2022. En effet, un siècle exactement après avoir entonné pour la première fois leur hymne a cappella, en réponse au haka des All Blacks – ce qui reste le premier cas connu d’un hymne national chanté avant une rencontre sportive internationale –, les spectateurs du stade entonnent tous en cœur le Hen Wlad Fy Nhadau. Un moment suspendu, à la hauteur de cette cathédrale du rugby, avant qu’un autre symbole fort et résolument moderne ne s’impose : une femme, l’Écossaise Hollie Davidson, arbitre des deux dernières finales de la Coupe du monde de rugby féminine, va pour la première fois, diriger lors d’un test-match, la Nouvelle-Zélande, l’équipe référence du rugby international.
Dans la plus pure tradition du rugby
Après une jolie rencontre marquée par un total de 11 essais et une victoire sans surprise des Blacks, la délégation européenne, bascule rapidement dans une autre ambiance, tout aussi festive, portée par les pubs qui entourent le Principality Stadium ! Inutile d’épiloguer sur le reste de cette soirée, la réputation d’accueil des Gallois n’étant plus à refaire, chacun aura le loisir d’imaginer la suite et la fin de cette journée.
Un peu plus calme, le retour en bus est marqué par un arrêt complet de près d’1h sur l’autoroute mais aussi un excellent souper nostalgique à Folkestone, avant une arrivée à Bruxelles aux alentours de minuit. Une nouvelle aventure rugbystique, teintée de diplomatie parlementaire, s’achève, ponctuée par ce commentaire admiratif de Philip Cordery, manager général, et d’Éric Sargiacomo, député européen et président de l’EPXV : « Ce qui frappe à chaque déplacement, c’est l’ambiance fraternelle exceptionnelle qui règne au sein de l’équipe. Des députés, des collaborateurs, des nationalités différentes, des hommes, des femmes passionnés de rugby mais une seule équipe sur et en-dehors du terrain ».
Plus d’informations sur l’équipe parlementaire : info@epxv.eu et sur https://www.epxv.eu
Conditions de participation : travailler dans les affaires européennes
Entraînement : 1 à 2 fois/mois, le lundi soir de 20 à 22h

(Photos EPXV)