Le 24 juin dernier, lors du Conseil d’ Administration de la Fédération, Jan Coupé et Francis De Molder (élus nationaux) ainsi que Alain Buyens, Frank Michiels et Dirk Van de Voorde (élus des clubs VRB) avaient remis leur mandat d’administrateur FBRB à disposition des membres de l’Assemblée Générale FBRB. Depuis, ils n’ont pas été remplacés, le CA poursuivant avec en son sein Laurent Otten, Claude Aronis, Dominique Ponthier, Monique Petitjean, Patrick Durez et Marcos Quenon.

Depuis fin juin, les tensions perdurent. A l’entame de la nouvelle saison, Francis De Molder s’exprime et évoque l’impasse actuelle.

Francis, deux mois après ta démission, tu décides d’en parler ouvertement. Pour quelle raison ?
"Je pense que j’ai le devoir d’en informer les gens. Ce sont les clubs qui m’ont élu pour les représenter au sein de la fédération et il est donc normal que je leur explique pourquoi j’ai décidé de démissionner.
A cela s’ajoute le fait que je lis pas mal de choses qui ne sont pas toujours correctes et j’ai envie de rectifier ou en tout les cas d’apporter un complément d’information sur ma perception des choses.

Perception qui ne fera pas l’unanimité d’ailleurs mais je comprends fort bien que certaines personnes ne soient pas en phase avec mes pensées et idées, cela ne me pose aucun problème, j’accepte très bien le fait que d’autres puissent avoir un avis différent du mien en espérant que ce soit dans les 2 sens.

Ces deux mois m’ont permis de prendre du recul et il était préférable d’attendre ce délai pour pouvoir exprimer les choses sereinement en ce qui me concerne".

Alors justement, pourquoi avoir démissionné ?
"Avant d’apporter les éléments de réponse à cette question il important, pour que tout le monde comprenne, d’expliquer certains fonctionnements au sein de la fédération.
Cela peut être un peu "réchauffé" pour certains mais quand j’entends ou lis certaines réflexions je me dis que le rappel ne sera pas inutile.

La fédération est donc représentée par les élus nationaux (votés par les clubs lors de l’assemblée générale) et par trois représentants de chaque ligues (élus lors de leur assemblées respectives).

Pour être plus précis, cela faisait pour la saison 2013- 2014 :
7 élus nationaux (dont 2 contestés) et 6 élus des ligues (3 LBFR + 3 VRB), soit 13 personnes
Pour la saison 2014 /2015 après jugement par le tribunal en référé et avant la démission de 5 d‘entre eux :
5 élus nationaux (7 - 2 contestés) et 6 élus des ligues, soit 11 personnes

Je pense qu’il y a un nombre minimum d’élus nationaux (3) mais pas maximum... tenant compte que faire des réunions efficaces à 20 n’est pas le plus facile...
A ceci il faut ajouter un point essentiel que notre monde du rugby ne sait pas forcément : c’est que chaque élu au niveau national appartient également à une ligue de par sa licence de dirigeant et/ou joueur-membre. Lorsque le conseil d’administration de la FBRB est constitué il faut s’assurer qu’il y ai une parité linguistique et que seul une différence de 1 unité sera acceptée.

Si je reprends :
pour la saison 2013 -2014 : 13 personnes (7 lbfr et 6 vrb)
pour la saison 2014 - 2015 : 11 personnes (6 lbfr et 5 vrb)

Tout ceci peut sembler aux yeux du non-initié un point de détail mais c’est un point crucial pour comprendre la suite des évènements".

Et les équipes nationales dans tout cela ?
"La FBRB à elle seule ne peut assumer humainement et financièrement toutes les équipes nationales. A ce jour, les seules équipes prises en charge directement par la FBRB sont les Diables Noirs, les U23 et le XV féminin. Les autres équipes (ndlr : U17,U18,U19,VII masculin et VII féminin) sont sous-traitées aux ligues.

La FBRB rétribue financièrement les ligues en fonction des équipes qui sont prises en charge mais ceci ne veut nullement dire que ces équipes appartiennent aux ligues.

J’en profite pour insister sur le fait que les équipes sous-traitées aux ligues sont toutes encadrées par des gens compétents et la rétribution financière versée par la FBRB ne représente pas le dixième de ce que les ligues investissent dans ces équipes. Sans le travail des deux ligues, le rugby belge ne serait pas là où il est et c’est tout bénéfice pour les Diables Noirs qui récoltent le fruit de ce travail en amont. Sans les ligues, la FBRB devrait prendre en charge ces équipes avec des moyens financiers réduits et ce serait tout à fait différent. Même si en Belgique le financement du sport se fait en grande partie au travers des ligues, qui dit financement, dit travail et dit personnel à disposition".

Les ligues sont donc présentes des deux côtés, à la fois sur le terrain et en dehors (via le CA de la FBRB).
"Tu as très bien compris, et c’est là que souvent les problèmes se posent. Etre en charge d’une équipe nationale ne veut nullement dire que l’on en est propriétaire. Il y a beaucoup (trop ?) de liberté donnée par la FBRB aux ligues quant aux encadrements et systèmes de jeu mais le poids des ligues au sein du conseil d’administration en terme de ’votes’ est beaucoup trop lourd. Rendez vous compte, sur un total de 13 membres (2013-2014), 6 personnes (donc voix) sont des ligues, pour 2014-2015, 11 membres, 6 sont des ligues, plus de 50% du total des membres qui forment le CA... Si à cela vous ajoutez que chaque ligue peut également influencer dans ses choix un membre (élu national) de la FBRB qui n‘aurait plus un jugement personnel et neutre... Vous comprendrez très vite que les ligues sont à la recherche du pouvoir et ainsi contrôler le rugby belge en terme de championnat, commission des litiges, arbitres, équipes nationales, etc."

Penses-tu qu’il y ait des solutions pour endiguer ce phénomène ?
"a) Personnellement je soutiens l’idée de Patrick Durez (ndlr : administrateur FBRB) qui est de ’limiter’ le nombre de représentants de chaque ligue au sein du conseil d’administration de la FBRB à un représentant.

Il est logique que les ligues soient représentées car elles sont le lien direct avec les clubs et leur poids dans nos équipes nationales est énorme, mais elles ne peuvent influencer toutes les décisions par le poids de leurs votes.

b) Le nombre d’élus nationaux doit être plus important et il est important qu’à la tête des commissions (litiges, sportive, médicale, secrétariat, finance, etc.), ce soit toujours un élu national qui en soit responsable. Pour rappel, dans sa forme actuelle, un représentant d’une ligue peut être à la tête d’une commission.

c) Il faut ouvrir notre monde du rugby aux gens de l’extérieur et il serait bon qu’un chef d’entreprise, un commercial ou un industriel soit également présent au sein du CA de la FBRB. Certes, il sera encadré par des gens du rugby mais ce sont surtout des gens du rugby qui seront encadrés par des gens de ce monde là qui, ensemble, feront avancer la fédération".

Ta démission du mois de juin trouve-t-elle son origine dans ce que tu viens d’expliquer ?
"Oui, en partie en tout cas. Les ligues ont trop de poids cf ma réponse plus haut. Il ya également eu l’épisode de l’attaque en justice de la LBFR vis-à-vis de la fédé.
Soyons clair, la LBFR, sur le fond, avait tout à fait raison d’attaquer la FBRB car il n’est pas normal que des abstentions de vote permettent à un administrateur d’être élu au CA de la FBRB, d’autant plus que les votes d’abstentions n’ont jamais été comptabilisés par le passé. Il y a des statuts et il est normal de les respecter. Dans le cas contraire, ils seraient inutiles.

Par contre je constate sur la forme que de 13 personnes pour faire le boulot on est repassé à 11 pour faire la même chose.
Personne n’est parfait, certes, mais étaient-ils mauvais à ce point pour les éliminer ? Je pense que d’autres pistes étaient envisageables sans devoir aller jusqu’où nous sommes allés. A moins que le pouvoir des deux ligues n’ai été menacé... Pour terminer il y a également l’épisode du dernier CA de la FBRB où les comptes et le budget n’ont pas été validés.

Toute l’année nous avons perdu pas mal d’énergie dans des discussions juridiques et selon moi la non-acceptation des comptes et du budget lors du CA devait justifier une remise en cause de tous les membres du CA ! On ne peut pas dire que nous ayons été performants au point de ne pas se remettre en question !
Je trouve démocratique de démissionner après un vote de méfiance des comptes et du budget et puis surtout, cela devrait donner l’occasion aux clubs de s’exprimer".

On parle de problème communautaire, tu confirmes ?
Absolument pas !
"La langue, la culture, n’explique en rien la situation d’aujourd’hui. La LBFR et La VRB font des efforts pour que chacun puisse s’exprimer dans sa langue et tout le monde fait des efforts de traduction. Il y aurait eu les rouges et les verts, le problème aurait été identique".

Et quid de la suite ?
"J’essaie, dans l’ombre et avec d‘autres, de convaincre les deux présidents des ligues de trouver un consensus tel que décrit plus haut et qui permettrait au rugby belge de retrouver la sérénité qu’il a besoin pour continuer à progresser. Mais je ne puis garantir le résultat. Je peux juste vous dire qu’une réunion avec les 2 présidents (LBFR et VRB) et certains administrateurs et ex-administrateurs est prévue la semaine prochaine afin de trouver un terrain d’entente".

Le choix de l’entraîneur des Diables Noirs est critiqué par certains. Tu peux nous en parler ?
"Soyons clairs, Guillaume Ajac n’était pas mon premier choix. Mais la candidature initiale de Guillaume Ajac que j’ai eue sous les yeux n’était pas non plus celle qui a été choisie par le CA actuel de la FBRB. Celle d’aujourd’hui est différente.

Je regrette également que le responsable du comité de sélection ne m’ai pas contacté, on se connait depuis très longtemps et un petit coup de fil pour avoir mes perceptions n’aurait pas été selon moi une perte de temps.

Je connais très bien le groupe des Diables Noirs. Ils se connaissent tous et c’est chaque fois une fête lorsqu’ils se retrouvent et qu’ils peuvent passer un peu de temps ensemble. La force de ce groupe, c’est l’affectif, cela doit être une des qualités essentielles de l’entraîneur. C’est par exemple une information que j’aurais aimée partager. Mais je comprends aussi que j’ai démissionné et que dès lors je n’avais juste qu’à faire un pas de côté et la fermer.

Je reste un fidèle supporter des Diables Noirs et j’espère que les joueurs et l’encadrement réaliseront leurs objectifs. Je serai présent au stade et de tout cœur avec eux".