Johnson désespérait un peu de le voir venir, son match référence. Depuis qu’il est à la tête du XV d’Angleterre, l’ancien champion du monde a essuyé plus de plâtres que de traces de fêtes victorieuses. Au point que beaucoup commençaient à douter de ses capacités de mener la Rose à la coupe du monde. Samedi, en une rencontre contre des Australiens séduisants depuis 2-3 matchs, il a fait taire les critiques, offrant à son pays une première victoire d’éclat depuis des lustres (35-18). Séduisants dans tous les compartiments du jeu, les Anglais ont mis les Wallabies sous l’éteignoir durant toute la totalité de la partie. Plus rapides, plus puissants, plus précis, plus imaginatifs, ils ont renvoyé Robbie Deans et son escouade à leurs interrogations du début de saison, lorsque l’Australie suait sang et eau dans le tri-nations. Et en un match, les clichés sont revenus au galop : les Anglais restent décidément très forts à chaque fois que la coupe du monde pointe son nez, et l’Australie doit encore et toujours se trouver un 5 de devant plus puissant et surtout plus solide en mêlée fermée. Bref, ce match a ramené tout son petit monde…4 ans en arrière !

Samedi noir en Ecosse
Il se trouvera sans doute toujours des esprits chagrins pour souligner la pauvreté de l’équipe écossaise qui n’avait que son courage à offrir, ils n’ont certainement pas tort d’ailleurs, mais il faudrait vraiment être de mauvaise foi pour ne pas rester admiratif devant la prestation des All Blacks à Murrayfield. Les joueurs d’ Andy Robinson ont mené 3-0, le temps d’une pénalité, puis ils ont pris la marée. Jouant sur du velour grâce à un pack impérial, les arrières néo-zélandais ont régalé le public local qui a vite compris que ses protégés n’ auraient pas grand chose à dire dans les débats. Et de fait, Mils Muliéna et consort ont offert un récital sous la baguette de Dan Carter et Sonny Bill Williams. 7 essais transformés pour une addition plutôt salée (3-49).Et à l’arrivée, une sensation d’aisance rarement vue dans le chef des Blacks. Dans cette configuration, avec Sonny Bill Williams qui bonifie chaque ballon qu’il touche, les All Blacks ont vraiment tout en main pour enfin réécrire leur nom sur le trophée Ellis Web.

Des Européens guère convaincants
A côté de cette prestation 5 étoiles, les autres équipes européennes ont fait bien pâle figure. Sous une pluie diluvienne qui ne facilitait guère le jeu c’est vrai, des Français poussifs sont venus à bout péniblement de Fidjiens développant pourtant un jeu sans génie (34-12). Marc Lièvremont tarde lui aussi à convaincre et sa gestion du groupe laisse un peu perplexe. Ainsi, il a décidé de se priver de son meilleur avant, Ouedraogo, et son meilleur plaqueur, Lapandry, pour la rencontre contre l’Argentine, une nation qui leur a pourtant déjà infligé quelques camouflets.

Ailleurs en Europe, l’ Irlande, contre les Samoa, a étalé ses carences (20-10) ; l’ Italie battue par l’Argentine , pourtant déforcée, n’évolue guère (16-22) ; le Pays de Galles a tout perdu contre l’Afrique du Sud en 10 minutes (25-29). Une litanie de défaites ou de victoires peu convaincantes qui inquiètent à un moins d’un an de la coupe du monde...