De l’extérieur, les gens voient généralement Dendermonde comme un club qui recrute beaucoup de joueurs. Quel est ton avis sur cette question ?
- Peter De Block : "Notre vision est claire : 4 ou 5 joueurs étrangers maximum à des positions où nous n’avons pas de jeunes avec pour objectif d’atteindre le top 4. Nous voulons conserver le fruit des efforts fournis ces dernières années. Pourquoi ? Parce que descendre en D2 n’est pas un problème. Mais remonter s’avère très difficile. Il suffit de voir le Coq Mosan et Liège".

"Vous savez maintenant que nous investissons beaucoup dans les jeunes mais il faut peut-être 10 à 15 ans pour voir les résultats. Nous en sommes aujourd’hui à 5-6 ans. Le momentum va venir. Nous arrêterons alors immédiatement de recruter des joueurs étrangers. Maintenant, si la pandémie de coronavirus dure 2 ans, nous devrons aussi certainement arrêter de recruter des joueurs étrangers. Mais ces coûts ne sont pas aussi élevés que les gens pensent, car ces joueurs ont tous un travail et habitent dans une maison".

"Mais à propos des joueurs étrangers… Regardez encore la composition d’équipe lorsque nous étions champions. Il y avait peut-être 4 ou 5 étrangers. Est-ce que c’est beaucoup ? Nous ne trouvons pas. Et cela demeure un enrichissement pour les jeunes. Il y a une perception anti-Dendermonde : oui, les joueurs parlent tous Anglais entre eux et les supporters pensent dès lors qu’ils sont tous étrangers. Dans certains clubs, les joueurs parlent tous Français, et il y a également des joueurs français parmi eux… Mais cette perception de Dendermonde commence à changer petit à petit".

"Les autres clubs doivent faire la même chose ou être créatifs. Tu n’as par exemple que 1000 supporters pour une finale. Lors du Flanders Open, on comptabilise environ 24.000 visiteurs sur 3 jours, dont 1600 VIPs et 6000 visiteurs sont présents chaque soir. Les gens viennent pour l’ambiance et le niveau de jeu. Nous sommes d’ailleurs déjà sold-out l’an prochain".

Comment cela fait-il que les clubs flamands peinent à atteindre le top niveau en Belgique et soient moins bien représentés en D1 et D2 notamment ? Pourquoi Dendermonde y arrive et pas les autres pour le moment ?
- P. De Block : "Ces dernières années, je pense que le top 4 en Belgique s’est construit une certaine avance en termes de politique et de vision. Monter de division 2 est très difficile. Chapeau à Oudenaarde qui est parvenu à le faire. Il y a quelques années, notre vision était de rester en division 1 avec ces 5 joueurs étrangers. Descendre en division 2… ok. Mais (re)monter est très compliqué. Il suffit de voir les équipes flamandes qui peinent à atteindre la division 1. Tu as besoin de 30 joueurs. Chaque poste doit être doublé. C’est le problème d’Oudennaarde. Normalement, ils auraient malheureusement été rétrogradés mais ont tout de même pu rester en D1 en raison de la pandémie de coronavirus".

Quel est ton point de vue sur l’intérêt porté à l’équipe nationale féminine belge, avec son absence sur le terrain depuis quelques saisons ?
- P. De Block : "Je ne suis naturellement pas à la fédération belge. Elle a opté pour le 7’s pour raisons financières. Le 7’s est théoriquement la manière la plus facile d’atteindre les Jeux Olympiques. Ce qui devrait mener à une plus grande attention de la part des médias comme pour le hockey, et donc à plus de revenus. Mais oui, c’est un processus difficile. Je le regrette pour l’équipe nationale belge à XV. Le rugby à XV nécessite normalement une équipe masculine et une équipe féminine. La réponse se trouve aussi dans les subsides. Tout se tient un peu. Nous avons choisi d’y investir beaucoup de moyens. Si cela ne fonctionne pas, il faut alors oser tout remettre en question. Une autre stratégie doit peut-être être choisie".

Au DRC, vous alignez 3 équipes féminines en championnat. Comment faites-vous ?
- P. De Block : "Nous avons maintenant un groupe de filles U15 qui suit un entraînement spécial. Elles sont encore trop jeunes pour rejoindre les Gazelles. Mais c’est une bonne question. Filles, rugby, Dendermonde,… Les joueuses continuent simplement à arriver. Ils rient un peu de moi au sein du comité : la réussite sportive érotise simplement tout. Pour les hommes aussi. Gagner la Coupe de Belgique et devenir champion. Beaucoup veulent en être. Beaucoup se demandent aussi : comment le Flanders Open est-il possible ? Avec tous des bénévoles. 400 bénévoles. Comment fait-on ? Avec de l’engagement, du respect pour les bénévoles, mais aussi une identification. Et je pense que c’est le même principe chez les femmes. Elles veulent en être. C’est un vivier qui se développe dans la région. Brigandze et Hamme se trouvent aussi dans la région. Je pense aussi que nous profitons d’un cycle qui place le rugby féminin dans une vibe positive chez nous. Mais cela vient aussi de la formation, de l’entraînement et de la qualité des entraîneurs. Trouver des entraîneurs pour le rugby féminin n’est pas facile".

Est-ce qu’une BeNeLeague constitue une prochaine étape de développement ?
- P. De Block : "Oui. Avant le coronavirus, nous avions décidé que nous participerions à la BeNeLeague si elle se créait. BeNeLeague… Ce sera plutôt une BeNeCup. Attention, les Pays-Bas ont un autre businessmodel. Il y a aux Pays-Bas des clubs qui dépendent financièrement d’une seule personne. Ce que nous ne ferons jamais à Dendermonde. Ce n’est pas notre vision. Tu vois la différence en BeNeCup. Nous avons joué contre Leiden, qui alignait 14 Néo-Zélandais. Nous ne ferons jamais cela".

"Si la BeNeLeague se crée, il doit alors y avoir plus d’attention médiatique afin qu’il y ait plus de nouveaux revenus pour les clubs. Parce que s’il n’y a que des coûts, cela n’a aucun sens. On est conscient que c’est le chaînon manquant. Si nous en avons l’occasion et que nous sommes toujours dans le top 4 en Belgique, nous serons alors heureux d’y participer".

Avez-vous encore des contacts avec des anciens joueurs, comme Tom Coupé et Save Vocea ?
- P. De Block : "Oui bien sûr ! Peut-être qu’ils reviendront. Je pense que Tom est en Australie. C’était encore un peu trop tôt pour qu’il rentre. Nous avons des contacts avec tous les anciens joueurs. Nous en avons également encore besoin. Pour former les jeunes notamment. Tom Pearce s’occupe maintenant aussi de temps en temps de l’académie des jeunes qui existe depuis 2 ans déjà".

Depuis que tu es président, quel est selon toi le meilleur joueur qu’a rejoint Dendermonde ?
- P. De Block : "Le meilleur joueur étranger recruté : Tony Illston. Mais le plus beau moment est de voir des joueurs formés au club en équipe première comme Frederic de Smet, Arno Zaman, Toon Meert, Maarten Huau et beaucoup d’autres".

Dans quel club te déplaces-tu avec le plus de plaisir ?
- P. De Block : "C’est une question dangereuse. Le Kituro".

Pour ou contre les play-offs ?
- P. De Block : "Pour".

Pour ou contre un championnat de D1 à 10 équipes ?
- P. De Block : "Pour".

Pour conclure, quels sont les prochains objectifs du DRC ?
- P. De Block : "Encore plus de jeunes. Nous espérons, nous rêvons, d’avoir une équipe composée entièrement de joueurs formés au club. Nous comptons aujourd’hui 530 membres. J’aimerais arriver à 600/700 membres. Mais nous investissons à fond sur les entraîneurs de jeunes. Avec ou sans coronavirus, les budgets pour les jeunes n’ont pas été diminués. Ceux des seniors et des dames bien. Mais pas chez les jeunes donc. Nous voulons continuer à investir dans ce domaine, mais nous devons également trouver et former davantage d’entraîneurs. Nous ne sommes pas les seuls. Beaucoup de clubs manquent de bons entraîneurs de jeunes".

"Une critique à laquelle j’aimerais répondre : “ah, vous prenez les joueurs de tous les clubs flamands ! A la fin de la saison, de nombreuses personnes se contactent naturellement. Ce qui n’est pas anormal en soi. Pourtant, ce n’est pas une stratégie délibérée. Nous ne refusons bien sûr personne qui souhaite spontanément venir jouer chez nous. Beaucoup de joueurs flamands rêvent désormais de la première division, d’un bon accompagnement médical et de bonnes installations, ce que nous pouvons bien sûr leur proposer. Tout le monde est le bienvenu. Le DRC peut offrir le top du rugby en Belgique et du rugby social. C’est pour cela que nous avons déjà plus de 100 seniors".

Lire aussi : 1ère partie de l’entretien : "Nous investissons énormément sur la formation des jeunes"