Le monde du Rugby féminin est en pleine évolution vu l’engouement que les jeunes filles et les jeunes femmes montrent à l’égard de ce sport.
Les instances fédérales et régionales ont donc dû, au fil du temps, prendre conscience du phénomène et, souvent poussées dans le dos par les responsables féminins de l’époque, adapter les championnats en conséquence.


Jean Heirwegh.

Il y a eu quasiment de tous temps, des jeunes filles dans les équipes d’âge des Écoles de Rugby mais, vers les 12/13/14 ans, elles étaient laissées « à l’abandon » faute de structures existantes entre l’École de Rugby et les Séniores.

C’est pourquoi, au fil du temps et en rapport à l’engouement grandissant, des structures ont dû être installées petit à petit et parfois au compte-goutte. Tout cela grâce à l’obstination de certain(e)s qui passaient parfois pour des trouble-fêtes. Je ne citerai pas de noms mais elles (ils) se reconnaîtront.

Sans être historien de la chose et sans peut-être respecter la chronologie, il y a eu l’instauration de « Challenges », de « Développements », d’ajout de divisions, d’instauration d’équipes réserves obligatoires et sûrement d’autres initiatives. Il y a eu également l’apparition et le développement du Rugby à 7 qui pose et a posé question. Mais cela, comme dirait R. KIPLING, « c’est une autre histoire » sur laquelle nous reviendrons certainement lors d’une autre rubrique.


(Photo Philippe Van Acker)

Sur le plan réglementaire, en examinant les articles fédéraux qui évoquent le Rugby féminin, on peut constater que les articles ont été ajoutés et/ou modifiés au fil du temps pour s’adapter petit à petit à la réalité du terrain rendant ainsi les textes parfois incompréhensibles voire contradictoires. Une remise en forme au goût du jour et une coordination des textes ne seraient pas du luxe.

Nous avons bon espoir que cela se fasse cette saison pour une application la saison prochaine étant donné que les cadres fédéraux et régionaux ont été rajeunis de même que les femmes et hommes de terrain qui vivent la situation au jour le jour.
Outre la problématique 15 vs 7 qui peut être discutée sereinement avec de la bonne volonté, l’urgence devrait se porter sur une coordination des textes et surtout sur la création de passerelles entre l’École de Rugby et les équipes séniores.

Venons-en à une initiative prise par GENT et BOITSFORT de réunir chacun une équipe de U18 et de les faire se rencontrer en un match amical.
Gent n’étant pas en nombre, Boitsfort venu avec un effectif de 20 joueuses leur a prêté 3 joueuses pour pouvoir aligner un match de 13 vs 13 durant trois tiers-temps de 20 minutes.
Le match ayant commencé à 16 heures, le temps pourtant lumineux et ensoleillé s’est fortement refroidi tout au long de la rencontre.
C’est le coach Gantois, Cédric FERNANDEZ, qui a dirigé la partie dans un esprit « éducatif ».
Après un round d’observation, Boitsfort marque un essai à la 7’ ; non transformé = 0 – 5.
Après avoir digéré cet essai, les Gantoises dominent le débat et marque un essai à la 13’ ; non transformé = 5 - 5.
Juste avant la fin du 1er tiers-temps, à la 20’, une Boitsfortoise, suite à un exploit individuel, marque un essai, toujours non transformé, 5 – 10.

A la reprise du 2e tiers-temps, une Gantoise marque un essai en solitaire, non transformé, qui ramène les équipes à égalité 10 - 10.
Piquées au vif, les Bruxelloises marquent un essai à la 16’ ; non transformé = 10 - 15

Au début du dernier tiers-temps, malgré le temps qui se rafraîchit de plus en plus, le plaisir de jouer reste de mise et, à la 10’, les locales marquent un essai remettant les deux équipes à égalité. 15 – 15
Le retour aux vestiaires est très proche et, pressée d’en finir, à la dernière action du match, une « Gantoise », prêtée par Boitsfort, dévale le terrain à toute vitesse et écrase le ballon derrière la ligne au grand dam des coaches Boitsfortois qui voyaient l’une des leurs marquer contre son équipe de cœur.
Mais, oh ! surprise, le terrain synthétique était tracé pour le Rugby (lignes jaunes) et pour le Foot (lignes blanches), et c’est, derrière la ligne blanche et donc devant la ligne jaune (vous suivez ?) que le cuir avait été aplati donc… PAS d’essai.
C’est donc sur une égalité parfaite et dans un excellent esprit que les U18 s’en retournent aux vestiaires ne réalisant pas qu’elles avaient joué le premier match féminin de U18 de l’histoire du Rugby belge.

Bien que frigorifié, nous avons suivi une belle partie mettant au prise des jeunes filles U18 dont certaines n’avaient peu ou prou de temps de match dans leurs Club vu leur âge et leur peu d’expérience.
Sur le plan technique, un effort devrait être fait au niveau du replacement de la ligne de défense,des placages et du jeu au pied tant les transformations (5 ratées sur 5) que dans le jeu courant.

Bien réchauffés et au chaud dans la Buvette, nous avons voulu prendre le pouls des deux coachs à l’origine de l’initiative.


Coach de GENT : Cédric FERNANDEZ
"GENT ne possède qu’une équipe féminine qui évolue en Division 2. De ce fait, il y a des jeunes-filles qui ne peuvent pas jouer ou très peu notamment les nouvelles.
Les filles U16 et U18 du Club (elles seraient 8) doivent jouer donc avec les garçons U16. Ce n’est pas une bonne solution mais elles préfèrent cela que de ne pas jouer du tout.
Il faudrait créer des catégories intermédiaires pour faciliter le passage des très jeunes filles de l’École de Rugby vers les Séniores.
Quant au match, c’était très chouette et tout le monde y a trouvé du plaisir. C’est à refaire.
Nous allons contacter le KITURO pour organiser des « triangulaires » Gent/Kituro/Boitsfort".

Coach de BOITSFORT : Stéphane HEIRWEGH
"Pour quasi les mêmes raison que Gent, nous cherchions des matchs amicaux pour nos jeunes joueuses n’ayant pas assez de temps de jeu, notamment par le forfait récurrent des équipes Réserves. Dès lors, c’est avec plaisir que nous avons accepté de venir les rencontrer.
Les matchs amicaux sont toujours utiles surtout pour les nouvelles qui ont peu de temps de jeu et doivent se contenter des entraînements sachant qu’un « vrai » match est différent d’un entraînement, les filles étant mises en situation réelle.
Sur ce match en particulier, je suis néanmoins un peu déçu que les joueuses ne parviennent pas à reproduire sur le terrain ce qu’elles ont appris à l’entraînement.
Les filles prêtées à Gent ont bien jouées contre leurs coéquipières. Elles ont joué le jeu.
Ce match a été très positif et dans une bonne ambiance. Bon esprit fair-play".

Compte-rendu et Commentaires : Jean HEIRWEGH
Photos : Philippe VAN ACKER

Les photos du match Gent U18-Boitsfort U18 (Photos Philippe Van Acker)