D’initiation ou de perfectionnement, cette séance d’entraînement unique en son genre mise sur pied par Sébastien Thirion, coach de l’équipe féminine universitaire de l’UCLouvain, s’adresse à toutes les personnes souhaitant intégrer ou découvrir le rugby féminin ainsi qu’aux membres de la communauté du rugby belge.

"Fin juin-début juillet, j’ai reçu l’offre du Service des Sports de l’Université Catholique de Louvain-la-Neuve de prendre en charge l’équipe féminine de rugby pour l’année estudiantine 2019-2020. Malgré mon intérêt, je me suis remis en contexte la situation du rugby féminin universitaire et du rugby féminin de manière plus générale à l’échelle nationale. Personnellement, je trouve important de présenter la situation actuelle, pour les passionné(e)s du rugby qui ne la connaissent pas encore", explique Sébastien Thirion.


Sébastien Thirion. (Photo D.R.)

"Il ne faut pas se le cacher, un match de rugby féminin, même à un niveau supérieur, sera moins suivi qu’un match de rugby masculin. En universitaire, c’est encore pire. Il y a tellement peu de participantes que le seul championnat de rugby féminin proposé par l’ASEUS se déroule sur une voire deux journées et se joue à travers la forme du Seven (rugby à 7)", ajoute Sébastien Thirion. "Même avec ces mesures, la majorité des universités n’arrivent pas à proposer une équipe complète de 12 joueuses lors de la/les compétition(s). Cela entraîne un cycle négatif qui atteint au plus profond notre rugby national car s’il y a moins de joueuses, il y a moins d’équipes inscrites au(x) championnat(s) donc par conséquent, il y a une baisse de participation dans un premier temps. Cela entraîne une diminution de la motivation pour les joueuses engagées dans les équipes universitaires et qui impacte, dans un dernier temps, le niveau de jeu proposé. Selon ma conception du rugby, c’est à partir des écoles et des universités que nous pouvons sensibiliser à la pratique du rugby et découvrir de nouveaux talents ainsi que de nouveaux joueurs/joueuses. A l’heure actuelle, il y a un trop grand écart de technique entre ce qui est proposé par nos BelSevens nationales, ce que l’on voit en championnat et, surtout, ce qui est proposé en universitaire".

"De l’autre côté, dans mon propre entourage ou parmi les personnes connues, j’entends encore souvent des stéréotypes et énormément de préjugés sur le rugby. Mais, plus précisément pour être axé sur les femmes, il n’est pas rare d’entendre des : ’c’est un sport d’hommes’ et "’e ne vois pas ma fille aller faire du rugby, se faire mal ou faire du mal à l’autre’. En outre, je constate aussi que les joueuses se voient retirer une forme de féminité par la société lorsqu’elles pratiquent ce sport", regrette le coach de l’équipe de l’UCL.

"Prenant appui sur ces faits, encore une fois selon mon point de vue , j’ai décidé d’accepter l’offre mais en mentionnant bien que je voulais mettre en place des projets pour ces filles si elles étaient aussi motivées que moi. Et elles le sont. Cette année, j’ai un noyau de 22 joueuses, mêlant débutantes et confirmées. C’est un phénomène rarissime pour une équipe universitaire. Cette année est une année "test" car elles ont l’occasion de démontrer si le rugby peut réellement avoir un impact positif dans le milieu universitaire si elles sont soutenues complètement dans leurs projets ou, si, au contraire, le rugby féminin ne pourra jamais évoluer en Belgique car ne présente que très peu d’intérêts".

"Pour terminer sur l’équipe féminine de l’UCLouvain, celle-ci va partir aussi en stage à Massy (Paris) afin de rencontrer les 7 Fantastics, équipe très connue sur le circuit européen dans le rugby à 7, et participer pour la première fois à une compétition européenne à Roubaix. Le projet phare de cette année, lié aux événements précédents, était d’organiser une journée de sensibilisation pour toutes les filles intéressées par ce sport et qui veulent aller ’au-delà des préjugés’. En compagnie de Läurelin Fourcade (ndlr : ancienne joueuse internationale française de rugby à VII et à XV mais aussi du Stade Français) et Kevin Sulejmani (ndlr : ancien entraineur des équipes nationales féminines universitaire et développement), le Service des Sports de l’UCLouvain a mis en place une séance ouverte à tous les niveaux. Que ce soit la première fois où l’intéressée touchera un ballon de rugby ou que celle-ci soit en équipe nationale, toutes les filles auront l’occasion d’apprendre de nouvelles facettes de ce sport car nous scinderons, bien-évidemment, les niveaux. Je me dois juste de préciser que le nombre d’inscription, pour un encadrement éducatif adapté, a été limité et qu’actuellement, les places partent très rapidement. J’espère voir un grand nombre d’inscriptions afin de lancer un message éducatif pour que les femmes puissent (re-) découvrir ce sport trop catégorisé dans un genre, détruire ce contexte stigmatisant et, pourquoi pas, intégrer une de nos équipes en championnat afin de faire évoluer le rugby féminin belge", conclut Sébastien Thirion.

Inscriptions via le lien suivant : https://forms.gle/7ug196cDc6H2yMfWA