Organisé depuis 2010, le Fiji’s Coral Coast Sevens est le plus important rendez-vous fidjien à 7. Et pour la première fois de son histoire, un Belge y a pris part : Gaspard Lalli. Capitaine de l’équipe de Belgique à 7 et sacré notamment champion de France en novembre 2022 en remportant le Supersevens avec Monaco, Gaspard Lalli s’est fait un nom sur la scène internationale. Au point donc d’être appelé par l’ancien international anglais Dan Norton pour faire partie de l’équipe des Ambassadeurs du Fiji’s Coral Coast Sevens, qui s’est déroulé du 18 au 20 janvier dernier.

"Je n’ai pas hésité longtemps après avoir vu le message de Dan Norton. J’ai regardé vite fait mon agenda puis j’ai dit oui", se souvient Gaspard. A peine de retour d’une blessure encourue l’été dernier, notre homme a donc bouclé sa valise pour mettre le cap sur les Fidji. Où il vivra une expérience inoubliable, sur le terrain mais pas uniquement.

"Au niveau des résultats, on gagne nos deux derniers matchs, puis les demi-finale et finale de Shield", détaille Gaspard, auteur de deux essais lors de cette finale. "Mais je n’ai pas beaucoup jouer les deux premiers jours. Le troisième, sur la demi-finale, j’ai beaucoup donné dans l’intensité et cela faisait longtemps que je n’avais pas été dans cet état-là. Au niveau sportif, je reste tout de même un peu sur ma faim, car j’aurais voulu jouer plus. Mais en réalité, quand tu viens aux Fidji, tu ne viens pas pour performer mais pour te nourrir de tout ce qu’il se passe. Au niveau humain, dans mon équipe, on n’a pas créé beaucoup de lien. Les Néo-Zélandais de l’équipe sont par exemple un peu restés entre eux. Je suis devenu ami avec certains joueurs mais je n’ai presque pas parlé à d’autres. Je me suis par exemple vraiment bien entendu avec Kyle Brown, il a partagé ce qu’il a vécu, on a beaucoup discuté".

"Les Fidjiens jouent à 7 comme ils jouent au touch"

Gaspard Lalli aura par ailleurs pu vivre les spécificités du rugby fidjien. "Ça ne va pas super vite, mais il n’y a jamais de temps mort. En fait, les Fidjiens jouent beaucoup leur 1 contre 1. Soit ils te passent soit ils font un offload. Voir l’engagement des Fidjiens, jouer avec des joueurs qui ont disputé les JO, être coaché par Gordon Tietjens (ndlr : célèbre coach néo-zélandais), c’est exceptionnel à vivre. Je dois être le premier Belge à disputer un tel tournoi aux Fidji. C’est une reconnaissance qui fait plaisir, mais que je n’attendais pas spécialement. Je me rends compte de ce que c’était, de la chance que j’ai. Ça me touche, cette sélection est une marque de respect. Mon travail a fait que j’ai eu cette opportunité. Cela montre que tout est possible si tu travailles".

"Quand on dit que le rugby à 7 est une religion aux Fidji, c’est vraiment ça. Tous les villages jouent au rugby. Il y a 900.000 habitants, la moitié sont des Fidjiens, l’autre moitié des Hindous, émigrés d’Inde dans les années 1930. Chaque village comprend de 10 à 50 maisons environ. Une grande route fait le tour de l’île. Chaque village s’entraîne dans son coin, sur ce qui permet de s’entraîner. Tous les jours, à 17h30, tout le monde joue au Touch. Les Fidjiens jouent d’ailleurs à 7 comme ils jouent au touch. Ils sont vraiment dans l’évitement. Mais il ne faut pas croire que tous les Fidjiens sont balaises. Il y a des mecs en surpoids, d’autres qui sont minces, etc. Pour eux, réussir dans le rugby, ça permet de partir de l’île et d’aller voir ailleurs, en Europe. Pour les clubs, le tournoi est l’opportunité de montrer ce qu’ils valent. C’est un tournoi télévisé, diffusé, rediffusé".

Trois jours après le tournoi, Gaspard fut d’ailleurs surpris de voir que la télévision présente dans ce qui s’apparente à un restaurant où il mangeait rediffusait encore le tournoi. Car après la compétition, Gaspard a prolongé l’aventure en découvrant le pays et la culture fidjienne durant plus de deux semaines, en dormant chez l’habitant.

"Les Fidji sont le meilleur pays pour combiner rugby et voyage. J’ai rencontré plein de gens grâce au rugby, j’ai joué 4 ou 5 fois au touch à 17h30 avec à chaque fois des gens différents. Humainement, le voyage m’a apporté énormément. On dit souvent que le rugby te fait vivre des choses. Dans ce pays, c’est 100% vrai", souligne Gaspard. "On se plaint parfois de nos conditions d’entraînement en Belgique mais aux Fidji, ils jouent vraiment pour le plaisir. 2 joueurs se partageaient ainsi parfois une même paire de chaussures. Cela te permet de rester humble par rapport à ce que peut t’apporter le sport".


Dan Norton aux côtés de Gaspard Lalli.