Un jeudi soir du début du mois de mars. L’hiver insiste avant de prendre congé. Seule une poignée de joueurs U18 et leurs entraîneurs foulent les terrains du Royal Kituro à Schaerbeek. Jusqu’à l’apparition de Guillaume Mundele, suivi par les joueuses du Pôle Performance féminin. C’est parti pour 2 heures d’entraînement ! A fond !

Durant toute la séance, les joueuses présentes ne ménagent pas leurs efforts et font preuve d’application. Il faut dire que l’excitation grimpe dans le groupe des BelSevens à l’approche du grand objectif de leur saison : le Hong Kong Sevens (6-8 avril).


Guillaume Mundele. (Photo L.Lefebvre)

Les joueuses de l’équipe nationale belge féminine à 7 préparent en effet depuis le mois de septembre leur préparation au prestigieux rendez-vous du circuit international, où la Belgique disputera une nouvelle fois le tournoi qualificatif pour les World Series.

"Le rugby à 7 fonctionne sur des tournois d’un week-end qui sont répartis tout au long de l’année", rappelle Guillaume Mundele. "Il y a des tournois de préparation et des tournois officiels. Les tournois officiels, pour la Belgique, ils sont sur le circuit européen que l’on appelle Grand Prix Series. Ensuite, les meilleures nations de chaque continent jouent ensemble dans une sorte de championnat mondial lors de week-ends un peu partout dans le monde, tout au long de l’année. On appelle cela les World Series. Et Hong Kong, c’est une étape World Series mais pour les BelSevens et d’autres équipes, c’est aussi un tournoi de qualification pour rentrer dans les World Series. Cela veut dire qu’en tant que nation européenne, si on gagne Hong Kong, on rentrerait dans le top 12 mondial. Et donc en plus de nos deux étapes en France et en Russie pour le circuit européen, on aurait aussi accès au circuit mondial pour une saison. Avec alors évidemment le but de se maintenir".

Le Hong Kong Sevens pourrait donc tout simplement changer la vie des BelSevens ! Battues en demi-finale par l’Afrique du Sud (7-17) l’an dernier, nos compatriotes abordent l’événement avec un peu plus d’expérience encore. "L’an passé, on était un peu qualifié de ’paquet surprise’, parce que peu de personnes nous attendaient, alors que le groupe bosse très dur", explique Guillaume Mundele. "L’expérience que l’on a eue c’est de se dire qu’on peut faire beaucoup plus que ce que la majorité des gens attendent de nous. Si il y a deux ans, on avait dit ‘la Belgique va échouer de moins de dix points en demi-finale contre l’Afrique du Sud’, personne n’y aurait cru. Et pourtant c’est ce qu’il s’est passé. Donc, ce que l’on a appris, c’est premièrement la confiance en soi. Deuxièmement, la capacité à développer notre jeu. C’est-à-dire qu’on peut avoir confiance en soit mais avoir un jeu, un potentiel, qui est limité. Or ici, avec ce groupe, avec ce qui a été mis en place depuis des années dans le rugby à 7 belge, on a vraiment quelque chose à offrir sur le circuit international du rugby à 7".

"C’est un groupe qui est très résilient, qui arrive vraiment à faire face à l’adversité"

Au fil des entraînements, des stages et des tournois, Guillaume Mundele est évidemment le mieux placé pour nous parler de ’son’ groupe de BelSevens. "C’est un groupe qui est très résilient, dans le sens où il arrive vraiment à faire face à l’adversité. D’abord l’adversité inhérente à l’amateurisme, au sens non péjoratif du terme. Cela veut dire que ce sont des filles qui s’entraînent en club, qui s’entraînent une fois par semaine avec le groupe des BelSevens et qui ont deux séances de préparation physique en salle, plus une ou deux séances de course. Elles ont un volume qui flirtent avec le semi-professionnalisme, voire plus. Elles ont donc cette capacité à être résilientes, à pouvoir s’investir à fond malgré le fait qu’elles ne soient pas professionnelles", souligne le coach.

"Les joueuses sont aussi résilientes par rapport à la dynamique de groupe. On a fait face à beaucoup de blessures. Dans le noyau performance, on a quand même eu trois blessures, graves : un ligament croisé de genou (ndlr : Ciska De Grave), un bras cassé (ndlr : Héloïse Stévins) et une épaule démise (ndlr : Caitlynn Cool). Dans les trois cas, c’est opération. Et pourtant on arrive à créer de la performance. Les joueuses résistent donc aux contraintes de la vie amateur et en plus de cela, elles le font avec plaisir. C’est vraiment un groupe d’amies, qui se supportent les unes les autres".

Après la demi-finale l’an dernier, la Belgique visera cette fois la victoire, ni plus ni moins. Seule l’équipe victorieuse décrochera en effet le précieux sésame pour les World Series. La pression de l’enjeu pourrait ainsi être le premier adversaire des Belges à Hong Kong. "Il y a trois éléments pour gérer cette pression. Dans un premier temps, on s’est rendu compte qu’à partir du moment où on visait l’enjeu, en occultant l’aspect passion, on perdait le plaisir. Et c’est ce qui s’est passé à Dubaï cette saison. On a perdu un peu le chemin du plaisir et on a commencé à déjouer", détaille Guillaume Mundele. "C’est vraiment l’une des clés, garder le plaisir que ce soit en préparation, durant les entraînements, les séances hors terrain, les séances de team coaching. Le team coaching ce sont justement les moments où on va pouvoir se dire les choses, pouvoir discuter, et avoir des décisions de groupe hors terrain qui faciliteront le fait de transformer cette pression en excitation. Et le dernier élément, c’est que lorsqu’on joue à haut niveau, il y a de la pression. Et cette pression-là, il y a des filles qui veulent aller la chercher, elles veulent aller la combattre. Ce n’est donc pas un problème".

Rétro 2017 : Eliminées par l’Afrique du Sud, les BelSevens furent à la hauteur à Hong Kong


Hong Kong 7’s - Les poules du tournoi qualificatif pour les World Series
Poule A Afrique du Sud, Kenya, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Mexique
Poule B Brésil, Chine, Kazakhstan, Hong Kong
Poule C Pays de Galles, Belgique, Argentine, Pologne



(Photo Sportkipik.be)