Diriger une Fédération n’est pas tâche aisée. Certainement celle du rugby belge après quelques années compliquées. Réélu à la présidence de Belgium Rugby en juin dernier pour un deuxième mandat de deux ans, Salvatore Zandona ne ménage pas ses efforts pour tenter d’imprimer une nouvelle dynamique. « Sans aucune prétention, je sens que l’on ne peut pas laisser le rugby se déliter. Il faut absolument essayer de mettre en place un projet constructif. Constructif est vraiment le terme essentiel. C’est vouloir reconstruire quelque chose », débute Salvatore Zandona.

Au cours de ces deux dernières années, avec le CA composé alors également de Nicolas Meeus, Diego Lacroix, Olivier Wellens, Jan Coupé et Luc Macharis, le président de la Fédération et son équipe ont avant tout mis les mains dans le cambouis. « On a trouvé une situation qui était très complexe, parce que la Fédération est quelque chose de très fragile. La problématique, c’est comment accomplir les tâches quand on n’a pas de ressources. Et les ressources, ce sont deux choses : les sous mais aussi les gens. Il y a un manque cruel des deux”.

« Avec le temps, chaque entité du rugby belge s’est développée à sa façon et ce qui a manqué probablement, c’est une sorte de coordination. Un projet global est absent. C’est pour cela que le premier point de notre stratégie, c’était « United », unifié toutes les instances du rugby belge et essayer d’amener cela vers un projet global. Bien sûr, à chacun ses priorités, ses obligations, ses objectifs, mais à un moment donné, comment faire pour que tout cela s’emboîte l’un dans l’autre. La première étape était de rassembler tout le monde. Ce qui s’est réalisé en octobre 2018 au Stade Nelson Mandela. Parallèlement à cela, pas mal de forces vives sont rentrées dans le rugby belge, aussi bien du côté de Rugby Vlaanderen qu’à la Ligue francophone ».

« Le déménagement constituait donc une priorité absolue. Mais on est bien conscient qu’il y a encore du travail à faire. On a des équipes qui travaillent très bien ensemble mais il nous reste beaucoup de travail pour en faire un projet unique et intégré. Projet unique ne veut pas dire que la Fédération veut absorber les ligues, loin de là. C’est un projet à trois, que les choses s’inscrivent dans une lignée. Que ce que l’un fait serve à l’autre et vice versa ».

Appel à candidature

Malgré un travail conséquent à effectuer à son arrivée à la tête de la Fédération, le CA précédent a mis sur pied plusieurs projets, dont la BeNeCup, le Belgium Barbarians XV, Twizzit, le déménagement au Stade Mandela ou encore l’implémentation de la comptabilité en interne. Tout cela sans disposer d’un banc très fourni.

« Aujourd’hui, la Fédération c’est trois administrateurs et plus personne d’autre », souligne Salvatore Zandona, épaulé aujourd’hui dans le CA par Olivier Wellens et Yves Mahieu. « Il n’y a pas encore ce sentiment d’appartenance à la Fédération, comme on peut l’avoir en club. A l’heure actuelle, il y a plein de projets pour lesquels on compte sur les ligues et sur les bénévoles mais nous allons lancer un appel à candidature pour engager un ou une secrétaire à plein temps, pour engager également quelqu’un qui serait en quelque sorte un directeur des opérations et, seulement par la suite, engager un directeur technique national ».

« Au niveau financier, la Fédération n’est plus en situation compliquée, mais n’est pas encore non sur le velours. Disons que l’on a rattrapé le train. On ne court plus à côté du train mais on n’est pas encore dans la locomotive. Si l’on compte les gens qui sont engagés et qui travaillent pour le rugby, à très court terme avec les nouveaux engagements aussi qui vont se faire à la Ligue et à la Fédération, on va avoir plus de 50% de personnes qui vont être opérationnelles au quotidien. C’est donc un moment clé à ce niveau-là qui va nous permettre de travailler sur les projets et ne plus courir derrière les faits ».

Financement

Outre l’aspect humain donc, le volet financier constitue un autre cheval de bataille. « Les gens pensent parfois que nous sommes fiers à la Fédération d’envoyer des équipes qui ne sont pas en survêtements uniformisés. Mais c’est un déchirement permanent. Le fait d’avoir dû à un moment donné dire qu’on n’inscrivait pas les filles à XV ou les U20, cela a été un déchirement également. C’étaient des décisions horribles à prendre, mais les seules possibles à ce moment-là », souligne Salvatore Zandona.

« Une chose que les gens doivent savoir aussi, c’est que l’on reçoit de l’argent pour le développement de la part de World Rugby, qui finance en livre sterling. A un moment on recevait 140.000 livres sterling. Puis l’argent pour le développement, on l’a un peu mis sur la haute performance à une époque. World Rugby nous a dit ‘ce n’est pas bien’ et a ramené ce montant à 110.000, puis à 80.000 suite aux problèmes survenus à la Fédération, entre les ligues. Dans le même temps, la livre sterling est tombée de 1,5 à 1. On est dès lors passé de 210.000 euros reçus de World Rugby à 80.000 euros. On a donc perdu 130.000 euros par an », détaille le président.

« Après, doit-on continuer à se plaindre lorsqu’il y a une augmentation de la cotisation ? Regardons ce qu’il se fait dans d’autres sports, notamment au football. Dans n’importe quel club de foot de village, la cotisation est à 350 euros et ça ne choque personne. Bien sûr il faut gérer des exceptions, et cela fait partie de notre ADN, la solidarité. Il faut que les clubs mettent en place de quoi aider ceux qui en ont besoin. C’est fondamental. Maintenant, lorsque nous venons demander 20 euros en plus par licence, est-ce que c’est la fin du monde ? Pour certaines personnes, c’est beaucoup d’argent, je peux le concevoir. Mais notre développement doit passer par là. L’acceptation de cette augmentation démontre au monde extérieur que notre communauté croit en notre projet ».

A suivre…