Anne-Gaëlle Mahaux, Adèle Robert, Nele Pien et Melissa Schneider ont toutes officié en qualité d’arbitres assistantes lors des rencontres du Championnat d’Europe féminin à XV dirigées par la Française Aurélie Groizeleau et l’Italienne Clara Munarini.

Ancienne internationale belge et joueuse au Coq Mosan, Melissa Schneider a pris le temps de répondre à nos questions.

Comment es-tu arrivée à l’arbitrage ?
Melissa Schneider : "C’est venu assez naturellement ; j’ai joué, j’ai coaché... Il me restait à découvrir cette autre facette du rugby. En plus, mon club manquait d’arbitres et ça me semblait normal de lui rendre de mon temps pour tout ce qu’il m’a apporté.

Dominique (Ponthier) et Gus (Gatez) m’ont également encouragée. Et comme les arbitres féminins sont presque inexistants, c’était aussi l’occasion de se lancer.
La dernière raison est plus sportive ; après plus de 10 ans de rugby, mon corps fatigue un peu (blessures, récupération difficile) et je n’arrive plus à suivre aussi facilement les gazelles de mon équipe... L’arbitrage me semblait donc une belle reconversion possible, un nouveau défi !"

Question cliché mais peut-être toujours d’actualité : ressens-tu une réticence de la part des joueurs d’être arbitrés par une femme ?
M.S. : "Parfois, ils sont un peu surpris de voir une femme arriver sur le pré, qu’elle soit arbitre ou coach ! Les parents et les supporters le sont aussi.
Souvent les joueurs (et leur staff) croient qu’on ne connait rien au rugby. Ils nous attendent au tournant... Mais après quelques échanges et actions de jeu, ils prennent confiance en nous, voire se radoucissent pour les plus réfractaires.

Des échos que j’ai eus, il semble qu’on est appréciée : on nous dit plus pédagogues, plus soucieuses d’impartialité, de bien faire.
Plus encore qu’un arbitre masculin, on veut montrer que nous sommes largement capables et on s’applique en conséquence.

Je me souviens du premier match hommes que j’ai arbitré (Visé-Mechelen en D3 rés), j’étais très nerveuse à l’idée de manquer d’autorité mais finalement ça c’est très bien passé. En tant qu’arbitre, on est là pour que le jeu se déroule dans les meilleures conditions, il est donc dans l’intérêt de tous de se montrer ouverts et respectueux".

Quel est ton objectif personnel dans l’arbitrage ?
M.S. : "M’amuser, apprendre et emmagasiner un maximum d’expérience. Savoir gérer des matchs tendus où la victoire peut être décisive dans le classement, suivre des jeux plus rapides, etc.
Et pour ça, il n’y a pas de secrets : pratiquer et savoir se remettre en question. Et puis, quitte à avoir un objectif autant rêver et viser le top... La coupe du monde féminine en 2025 ou 2021 !"

Peux-tu nous parler de ton expérience lors du récent Championnat d’Europe féminin à XV ? S’agissait-il de ton premier tournoi international ?
M.S. : "J’avais eu la chance de participer à une édition précédente comme joueuse donc je connaissais un peu la dynamique de ce genre de tournois et n’étais pas totalement dans l’inconnu. Mais en tant qu’arbitre, c’était une première.
Curieusement, les sentiments étaient un peu les mêmes que comme joueuse : stress, excitation, fierté, peur de se planter.

Ce fut très enrichissant d’une part, en raison du niveau de jeu de certaines équipes et d’autre part, grâce à l’ensemble de l’équipe arbitrale : Aurélie et Clara ont été très disponibles pour répondre à nos questions et nous faire profiter de leur expérience. On avait aussi nos propres coachs arbitres, Waly (Thierry Walravens) et Philippe (Lenne), sur la touche pour nous encourager, nous rassurer et nous donner un feedback très précieux. Bref, une expérience unique où j’ai beaucoup appris et qui m’a surtout donné envie de continuer et d’aller plus loin !

Par contre, l’avantage d’être de l’autre côté, c’est de pouvoir boire autre chose que de l’eau après les rencontres..."

Comment arrives-tu à combiner vie privée/professionnelle, joueuse en club et arbitrage ?
M.S. : "C’est comme tout : une question d’organisation et de choix. Cette année, ma priorité est encore de jouer et nous ambitionnons les playoffs... et comme c’est très probablement ma dernière saison, je ne veux rien lâcher.
Il faut donc bien planifier le tout : rester attentive aux vraies priorités, gérer les périodes les plus denses, se ménager des temps de repos afin d’éviter une surcharge.
Par exemple, quand j’ai une grosse semaine de boulot, je fais l’impasse sur un entrainement ou sur l’arbitrage surtout si j’ai aussi match ; si on joue samedi loin en déplacement, je demande à arbitrer pas trop loin de chez moi le dimanche, etc. Mais il m’arrive d’arriver au boulot le lundi plus fatiguée que je ne l’étais le vendredi surtout que j’ai d’autres loisirs à côté du rugby.

L’avantage, c’est que j’ai une fonction où je peux me permettre une certaine flexibilité horaire et où mes collègues sont compréhensifs. Un autre facteur clé pour cet équilibre, c’est d’avoir quelqu’un à mes côtés qui m’encourage, gère beaucoup la logistique de la maison et me laisse énormément de liberté.

Après pour la famille et les amis, ce n’est pas toujours facile d’être écarté au profit du rugby mais ils se sont fait une raison en comprenant que sans le rugby, je ne serais pas qui je suis".

Que dirais-tu à des jeunes filles/jeunes femmes hésitant à se lancer dans l’arbitrage ?
M.S. : "D’oser, tout simplement ! A l’occasion d’un match d’entraînement ou lors des rassemblements nationaux... et elles verront bien".

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