Beaucoup se demandaient, et se demandent toujours d’ailleurs, comment il a été possible d’envoyer certains rugbymen sur les routes ce dimanche. Contacté par nos soins, Rino Billi a mis en évidence une situation diamétralement opposée que l’on soit dépendant de la Ligue ou de la Fédération. S’ il ne jette la pierre à personne, il plaide cependant pour une révision des critères de remise et surtout, un plus grand investissement des clubs au niveau de la Ligue ou de la Fédération.

Olivier Poncin : Rino, la Ligue a pris une décision assez rapide quant à une remise générale, comment cela s’est-il passé ?

Rino Billi : Dès vendredi, alarmé par les bulletins météorologiques catastrophiques, j’ai contacté un autre administrateur de la Ligue, Claude Aronis, qui gère les championnats régionaux. A ce moment, vendredi soir, on prend la décision de se voir samedi matin pour réévaluer la situation.


Rino Billi. (Photo Sportkipik.be)

O.P. : Et une décision est prise très rapidement…

R.B. : Oui, dès samedi matin, on décide de remettre la journée complète dans toutes les divisions régionales francophones bien sûr. A ce moment, tous les paramètres sont dans le rouge, que ce soient la situation présente, l’état des voiries ou encore les prévisions pour le dimanche. Donc samedi à 9h30, la décision de remise est prise, et dès 10h, elle est effective.

O.P. : Comment expliquer alors qu’au niveau de la Fédération, aucune décision n’ait été prise ?

R.B. : Des décisions ont été prises, mais il faut savoir qu’on ne procède pas de la même manière à la Fédération qu’à la Ligue Francophone. A la Fédération, c’est Dirk Vandevoorde qui gère le championnat. Lorsque je le contacte pour lui faire part de mes craintes, Dirk se retranche derrière le règlement fédéral qui stipule qu’il prendra une décision par rapport à la position des délégués régionaux. Malgré mon argumentation (état des terrains, prévisions,…), Dirk reste collé au règlement.

O.P. : Et donc, aucune décision n’a été prise ?

R.B. : Si, mais plus tard (NDLR : trop tard pour certains). On a joué en Flandres, le district Liège-Namur-Luxembourg a décrété une remise générale dimanche matin, et les autres responsables régionaux ont décidé que les terrains étaient praticables, sauf avis contraire de l’arbitre. Dans la structure actuelle, rien n’a été mal fait.

O.P. : Oui, mais finalement, on a joué 4 matchs sur 12, dont un sur terrain synthétique, et un qui a été arrêté avant la fin. Et des trajets retours parfois dantesques…

R.B. : C’est vrai. C’est pourquoi il faut peut-être revoir le système actuel, les critères de remise. A la Fédération, on prend la décision en fonction des délégués régionaux. Je crois personnellement qu’ il ne faut pas hésiter à les contacter pour évaluer avec eux la situation de son club. L’évolution du rugby ne prête plus à une situation comme ce week-end. Les terrains sont trop sollicités. Regardez à Boitsfort, on y a joué combien, 5-6 matchs ce week-end ? Il est foutu pour des mois. C’est fini le temps où seuls les séniors piétinaient la pelouse.

O.P. : Que faire pour que cela ne se reproduise plus ?

R.B. : A court terme, la situation va être abordée très prochainement au CA de la Fédération. Je demanderai à ce que les critères de remise, un peu obsolètes, soient revus. Au niveau des clubs, je plaide pour une plus grande implication de ceux-ci. En contactant les délégués d’abord, l’information doit être véhiculée dans les deux sens, et en s’impliquant bien plus, à l’avenir, dans les instances dirigeantes. La Ligue et la Fédération sont ouvertes à toutes les bonnes volontés, ce ne seront pas à l’heure actuelle, et au vu de l’évolution de notre sport, une dizaine de bénévoles qui vont régler tous les problèmes.