"J’ai commencé le rugby à l’âge de six ans et demi à Boulogne-Billancourt. Comme mes parents ont rapidement migré dans le sud, je me suis retrouvé à Montpellier. J’ai donc commencé l’école de rugby de Montpellier. J’ai signé à Béziers au moment où j’ai eu le BAC", nous explique Arnaud Vercruysse. "J’ai fait la plus grande partie de ma carrière de joueur à Béziers, pendant 9 ans. J’ai ensuite joué à Pau, à Dax, en première division, ensuite à Châteaurenard en Fédérale 1, de 2000 à 2002. J’ai ensuite entraîné Béziers une année, après je suis allé à Aix-en-Provence où j’ai rejoué pendant un an et on a été champion de France Fédérale 1. J’ai encore joué un début de saison en ProD2 puis j’ai entraîné à Aix-en-Provence en ProD2 et ensuite à Châteaurenard pendant 7 ans".


Arnaud Vercruysse et Richard McClintock. (Photo Sportkipik.be)

Avec une pointe de lassitude, Arnaud Vercruysse quitta donc Châteaurenard la saison dernière. Mais comment a-t-il intégré le staff des Diables Noirs ? "Je crois que la vie n’est faite que de rencontres et le rugby est un accélérateur de rencontres, de bonnes rencontres. Parce que c’est un environnement dans lequel on est amené à se mettre à nu, au sens propre et au sens figuré. Le vestiaire est le témoin de ce dépouillement", estime-t-il. "Et un jour, en jouant contre Saint-Etienne, j’ai eu la chance et la malchance de rencontrer Richard (ndlr : McClintock, entraîneur du XV belge) : la malchance parce qu’on avait perdu contre eux, et la chance d’avoir rencontré quelqu’un d’exceptionnel, d’atypique et je crois fondamentalement qu’il est fait du même bois que moi. C’est un caractère un peu trempé, peut-être un peu excessif par moments mais qui a du mal à supporter les choses qui ne sont pas droites".

Cette rencontre entre les deux hommes allait donc s’inscrire dans la durée. "Quand il m’a proposé l’année dernière de venir en Belgique pour voir comment cela se passait, d’intervenir un petit peu, je suis arrivé sur la pointe des pieds dans un environnement que je ne maîtrisais pas mais qu’il m’avait fortement dépeint positivement parce qu’il n’a que des paroles positives vis-à-vis de ce qu’il passe. Cela m’a amené à regarder un peu quel a été le parcours de la Belgique. Et je crois que notre rencontre et la rencontre avec les joueurs a été plutôt bonne. Il m’a demandé cette année si j’étais enclin à revenir. D’autant plus que j’avais arrêté d’entraîner l’année dernière".

Le lien est fait. Cette saison, Arnaud Vercruysse intègre ainsi "officiellement" le staff de l’équipe nationale belge en qualité de consultant. "J’interviens à la demande de Richard, quand il a besoin. L’attrait de tout cela, c’est que c’est dénué d’arrières-pensées. Je le fais parce que j’apprécie énormément la personne, ce qu’il fait. Je ne vais pas faire non plus du prosélytisme verbal en disant que je suis tombé amoureux fou de l’équipe et de l’environnement mais je reconnais que je prends du plaisir. Je me ressource au contact de ces joueurs, qui sont quand même superbes, qui sont pour moi pour certains dans un environnement d’équipe nationale mais en fonctionnement club. Avec cet esprit de défendre quelque chose. Je crois que cela permet aussi de revenir à des bases propres, dans un environnement où tout s’accélère dans le milieu rugbystique français, qui est fortement axé sur le développement professionnel. Ca se structure ici aussi, mais il y a encore une passion, du respect. Comme je vois, on n’est pas à Marcoussis, on n’est pas dans des hôtels cinq étoiles, mais il n’y a pas de plainte. Je n’entends pas les joueurs dires ’on n’est pas bien, on ne peut pas être performant’", souligne Arnaud Vercruysse en évoquant le stage de début octobre au ROC Ottignies et au Centre Adeps du Blocry, à Louvain-la-Neuve.

"La Géorgie était venue un peu les mains en haut du guidon"

Arnaud Vercruysse s’est donc forgé sa propre opinion sur l’équipe nationale ces derniers mois. Il revient sur la saison dernière et le Tournoi des VI Nations B. "L’année dernière, j’avais été impressionné. Sans vouloir être passéiste et revenir en arrière, et même si je ne mesure pas toutes les subtilités qu’il y a entre les Wallons, Flamands, la Ligue et la Fédé, je regrette une chose : de ne pas avoir battu la Géorgie. Cela n’a pas permis de mettre ce coup d’accélérateur qui aurait permis, aujourd’hui, de sortir un peu la Belgique de l’ornière et de la mettre sur un podium, à la lumière. Dommage aussi cette pénalité ratée à l’ultime minute contre l’Espagne qui aurait permis de prendre des points supplémentaires et d’enlever des points aux Espagnols. Dommage au Portugal où tu peux le prendre, même si cela aurait été un hold-up. Puis contre la Russie tu perds un point bêtement".


Julien Penders (Coq Mosan), à l’écoue des conseils d’Arnaud Vercruysse. (Photo Sportkipik.be)

Les Diables Noirs ont surpris beaucoup de monde la saison dernière en division 1A européenne. Peuvent-ils faire mieux cette saison ? "Je crois que cette année sera beaucoup plus dure que l’année dernière", craint Arnaud Vercruysse. "L’effet de surprise l’année dernière a fortement joué. La Géorgie était venue un peu les mains en haut du guidon. Elle a été surprise sur l’engagement, sur la qualité. Je crois aussi que le fait de pas avoir tes joueurs à disposition suffisamment de temps ne permet pas de travailler un peu plus précisément. Et surtout, il y a des postes où tu es quand même en effectif très court. Cela ne te permet pas de mettre tes joueurs un peu au repos, et surtout tu ne les mets pas dans une émulation. Mais après, tu as des joueurs qui sont très très bons. Tu as un collectif qui peut se peaufiner. Je pense que cette année, ce serait cohérent de pouvoir accrocher le maintien".

Malgré ces bonnes performances et son classement mondial, la Belgique n’est pas encore totalement reconnue au niveau international. En tant que Français et fort de son regard extérieur, Arnaud Vercruysse confirme. "Quand je parle à des gens qui savent que j’interviens en équipe nationale belge, ils ont l’impression que la Belgique, c’est un peu le tiers-monde du rugby. Ca me fait hérisser. Quand je m’engage, je le fais à fond. Je pense que ça manque de communication positive. Tu es quand même passé d’un certain niveau à un autre. Aujourd’hui, tu es au même niveau que la Géorgie, la Roumanie. Tu joues dans la même catégorie qu’eux. Même l’IRB ne te reconnaît pas en tant que tel. Quand l’IRB propose à la Roumanie et à la Géorgie de jouer contre des nations majeures, ils te proposent par contre par exemple le Sri Lanka".

"Après, je suis un peu sensible mais bon. Les joueurs sont fabuleux, Richard est exceptionnel, Fred (ndlr : Frédéric Cocqu), c’est un puit de connaissances, d’une trop grande humilité. La vie fait que tu rencontres des gens biens, des gens moins bien. Mais là pour le moment, je n’ai rencontré que des gens exceptionnels", conclut Arnaud Vercruysse.

Le staff des Diables Noirs
Entraîneurs : Richard McClintock et Frédéric Cocqu
Consultants : Arnaud Vercruysse et Francis De Molder
Manager : François Jacobs et Jean Pierre Finet
Vidéo : Tom De Clercq
Médecin : Dirk Van de Voorde
Kiné : Saïd Laaouina
Trésorière : Maria Virgili
Matériel : Daniel Verdon

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