Nicolas Becuwe. (Photo Brussels Barbarians)

Qu’est-ce-qu’un Barbarians ?
C’est plus un état d’esprit. Des potes qui se retrouvent pour jouer au rugby et s’amuser.

Mais l’extrême majorité des joueurs et joueuses de Belgique et d’ailleurs sont animés chaque week-end des même intentions ?
Notre caractère se situe au niveau des origines hétéroclites de joueurs qui ont appris le rugby en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Argentine, en Europe.

Quid des joueurs Belges ?
Il y a beaucoup de joueurs belges qui nous rejoignent.

Quelles sont leurs motivations ?
Adopter un autre état d’esprit, plus international.

Ces joueurs belges qui vous rejoignent, sont-ils déçus de l’ambiance dans d’autres clubs ou simplement curieux de vivre une expérience dans un club anglophone ?
Les deux. Certains souhaitent vivre dans un club qui attire beaucoup de cultures et d’autres sont attirés par le côté social. Notre comité social est très actif.

Votre langue est l’anglais. Offrez-vous des cours pour les débutants ?
Nous n’offrons pas de cours Les joueurs apprennent l’anglais sur le tas à l’entraînement, en soirée… les circonstances aident beaucoup. Par ailleurs, quand on joue au rugby, il y a des mots instinctifs qui sortent. S’ils deviennent des mots de langue anglaise, ils leurs permettront de mesurer leurs progrès.

Finalement, vous servez d’Erasmus aux Belges qui jouent chez vous en quelque sorte.
Indirectement oui. Nous avons l’état d’esprit des Erasmus universitaires, nous sommes jeunes et folkloriques.

Ce week-end c’est le Super Saturday, peux-tu expliquer en quoi cela consiste ?
C’est le derby international : les Barbarians contre les Celtics.


(Photo Brussels Barbarians)

Qu’est-ce-qui vous différencie du Celtic ?
Ils faisaient partie auparavant des Barbarians (NDLR : des joueurs ont fait scission et recréé un nouveau club). Pendant longtemps, ils étaient en-dessous de nous puis ils nous ont dépassés. Cette saison, ils vivent un meilleur départ que nous (NDLR : Le Celtic est actuellement 2nd du classement et les Barbarians 9ème et avant-dernier). Jouer contre eux en championnat, c’est très rare.

Compte tenu de votre classement actuel, gagner contre le Celtic, ça vous sauverait déjà une partie de la saison ?
Gagner contre le Celtic, c’est primordial. C’est une question de prestige.

Mais le prestige est basé sur quel aspect ?
Par le fait que nous sommes très semblables.

Avant de commencer cette entrevue, tu me disais avoir lu L’Interview du Jeudi de la semaine passée avec Claude Orban. Kituro, ce sont de vieux ou de très vieux souvenirs ?
Effectivement, c’était il y a six-sept saisons. Nous jouions contre eux en division 2. Ils montent cette saison-là en Division 1. Nous nous sommes maintenus de notre côté mais c’est le début d’une période difficile.

Comment expliques-tu que le club soit descendu jusqu’en régional ?
Plusieurs facteurs selon moi, bien que je sois arrivé quand le club était déjà descendu en Division 2. La première raison est la hausse de niveau du rugby belge. Je le constate notamment quand je compare des matchs que nous jouons aujourd’hui en VRB régionale et ceux que nous jouions en Division 2 à l’époque, contre des équipes telles que Liège, aujourd’hui en 1ère division. La seconde raison est la crise économique. Les entreprises recrutent moins de stagiaires, l’Europe est moins attractive.

La crise économique en partie responsable de la baisse de niveau des Barbarians. Etant donné que la reprise n’est pas encore d’actualité, êtes-vous destiné à rester pensionnaires de la VRB ?
Nous avons fini 3ème la saison passée, nous avons même vaincu Gent qui est monté et qui fait un beau parcours en division supérieur (NDLR : Gent est actuellement 5ème sur huit de Division 3).


(Photo Brussels Barbarians)

Dois-je déduire que l’objectif du club est de remonter de division ?
C’était l’objectif. Nous avons toujours l’envie. Les matchs sont serrés. Nous sortons d’une série de trois défaites très serrées au score…

Mais, vu le classement, la remontée semble difficile à obtenir…
Pas forcément, l’état d’esprit et la détermination sont là. Avec cette attitude, nous pouvons nous attendre à une meilleure fin de saison.

Si ce n’est vous, qui d’autres pourrait monter dans votre poule ?
Autant les deux dernières saisons, avec respectivement Oudenaarde et Gent, il y avait deux équipes largement au-dessus du lot avec des infrastructures, des équipes, des moyens que les autres n’avaient pas. Autant cette année, la division est homogène. Nous avons accroché le leader Bruges et perdu à Lommel contre un concurrent direct de très peu le week-end dernier, avec une équipe amoindrie.

Qu’est-ce-qui vous manque ?
A ce niveau, un ou deux joueurs peuvent faire la différence. Actuellement, la blessure de notre 10 handicape l’équipe.

Vous n’avez pas un effectif pour compenser cette absence ?
Non. Certes, nous avons 32 joueurs, ce qui est pléthorique mais, je le répète, à ce niveau, un ou deux joueurs peuvent faire la différence.

A quoi ressemble ce groupe qui, comme tu le dis, est riche en nombre ?
Il y a 6-7 joueurs débutants mais surtout beaucoup d’expatriés.

Ces expatriés ne sont pas assidus, n’est-ce-pas ?
En général si, mais quand le calendrier offre des week-ends de 3-4 jours, nous sommes handicapés car certains d’entre eux rentrent chez eux.


Les Brussels Barbarians militaient en D1 nationale au début des années 2000. (Archive Sportkipik.be)

Alors, à quand le grand retour au haut niveau ?
L’objectif est de revenir en division nationale pour les 50 ans du club en 2018.

Quatre ans, cela vous laisse tout le temps pour préparer la montée ?
Non, c’est l’objectif final. Dés cette année l’objectif c’est de monter. Puis, ensuite, de se maintenir.

Visiblement, vous devez encore vous renforcer. Quelle est donc votre stratégie de recrutement ?
Ce que nous pouvons offrir, c’est l’état d’esprit Barbarians, c’est l’international. Des coachs de bon niveau (NDLR : le head coach a joué en Pro D2) et un environnement qui doit nous permettre d’attirer de nouveaux joueurs.

Avant de devenir le Brussels Barbarians, le club s’appelait le British Brussels. Ces années ont correspondu aux grands succès du club. Le fait que l’équipe à cette époque soit moins internationale qu’aujourd’hui a-t-il aussi un impact sur vos résultats ?
Des problèmes de compréhension naissent bien évidemment mais nous en tirons aussi une richesse. Nous vivons avec des joueurs qui ont appris le rugby dans des cultures de jeu différentes mais finalement très complémentaires entre le réalisme britannique, la folie française...

Si je résume : une grosse ambiance, une présence aux entraînements, un staff de qualité. Je n’arrive toujours pas à comprendre le manque de résultats ?
Des problèmes de planning qui nous ont handicapés comme au début novembre. Des joueurs blessés dont on attend le retour.

Mais l’absence de joueurs, pour cause de voyage, n’est-ce-pas inhérent à un club comme le vôtre ?
Pas forcément, nous avons de plus en plus de joueurs belges.

En d’autres mots, l’effectif se sédentarise ?
Oui, à travers les joueurs Belges qui nous ont rejoints et aussi, les nombreux joueurs expatriés qui ont décidé de s’installer à Bruxelles, en raison notamment de la crise économique.