Alex Palacci. (Photo D.R.)

La Hulpe champion, c’est fait ?
(Il sourit) Je n’aime jamais dire cela mais c’est clair qu’à partir du moment où nous avions gagné les deux matchs avant la trêve, cela nous mettait en sécurité. Maintenant, pour être sûr, on doit gagner trois matchs sur les cinq derniers dont Visé, qui est dernier au classement. On a déjà un pied en Division 1.

Beaucoup attendaient Leuven comme concurrent direct, finalement ils ne joueront pas le titre. Est-ce une surprise pour toi ?
Oui et non. Tout le monde en D2 s’attendait à ce que ce soit une année très serrée : on s’attendait au BUC, on pensait que le ROC allait reprendre quelques couleurs ce qui n’a pas été trop le cas et bien sûr Leuven, finalement que tout le monde voyait champion, sauf nous ! Anvers, par contre je m’attendais à ce qu’il soit à ce niveau – peut-être pas aussi haut - avec l’arrivée de Francis De Molder.

Un seul club de Div.2 a la possibilité de monter en Div.1. Trouves-tu cela normal ?
Non, je trouve ce système archaïque et cela fait des années que j’en parle à la Fédération et à la Ligue. Je pense même que le constat partagé par beaucoup d’un championnat à deux vitesses, en première division, est directement lié à ce système de montée unique.

Que proposerais-tu : des play-offs avec accès aux deux finalistes ?
Non je ne suis pas favorable aux play-off dans les divisions inférieures, dans le sens où un club qui a gagné tous ses matchs dans l’année mérite la montée. Je suis en revanche partisan d’un système de barrage où, par exemple, l’avant-dernier de la division supérieure serait opposé au deuxième de la division inférieure. Plusieurs formules alors seraient possibles : terrain neutre, matchs aller-retour, et même, à la limite, on pourrait encore privilégier l’équipe du dessus dans le choix du terrain. Mais, que l’on donne sa chance aux deuxièmes s’il est meilleur.

A quelles équipes penses-tu en disant cela ?
Le Kibubu en Div.2 par exemple. Cela fait deux, trois ans qu’ils se sauvent à la dernière journée.


Alex Palacci a également coaché l’équipe féminine de La Hulpe durant ses heures de gloire aux débuts des années 2000 notamment. (Photo D.R.)

Est-ce-que cela a freiné votre développement ?
Oui, car aussi bien nous, que Charleroi, nous méritions de monter il y a deux ans. Au final, nous avons atteint notre objectif, pas Charleroi qui pourtant avait une équipe super compétitive. Depuis, las, cinq joueurs cadres ont quitté le club, condamnant Charleroi à se reconstruire.

Tu as de l’influence. Comment expliques-tu qu’une telle idée ne perce pas ?
Le status quo, que ce soit au niveau des instances dirigeantes que des clubs est une tendance qui arrange beaucoup de monde, à commencer par les clubs qui se situent dans le ventre mou de la Div.1. Pourtant, cette réforme du système passionnerait les différents championnats, car il encouragerait les équipes du haut du tableau à se battre pour la montée jusqu’au bout et les équipes du bas à se battre pour éviter les barrages !

N’as-tu jamais cherché à fédérer par le biais du forum de Sportkipik, où tu es très actif ?
Effectivement via Sportkipik, certains clubs et des gens de la Fédération m’ont contacté. J’ai finalement accepté de me présenter comme administrateur à la Ligue mais je n’ai pas été élu donc pour l’instant ma priorité va pour le club même si je ne dis pas, qu’un jour, je n’y reviendrai pas.

Tu as joué un rôle determinant, ces dernières saisons, dans la renaissance de La Hulpe. Quelle méthode ou philosophie se cache derrière ces résultats ?
Répercuter ce que j’ai vécu en tant que joueur. Je n’essaie pas d’inculquer l’esprit de la gagne, j’essaie d’inculquer la gagne par l’esprit.

Peux-tu développer ?
Il y a des clubs qui sont axés exclusivement sur le résultat, moi je suis axé sur l’ambiance, le dévouement au club. Il y a 20 ans, on m’avait demandé de refaire le logo du club et j’avais choisi « Semper Fidelis » (NDLR : Toujours fidèle) comme devise. Je n’ai pas changé.

T’es-tu inspiré de certains clubs pour bâtir cette philosophie ?
Non je ne pense pas. Je me suis vraiment inspiré de mon vécu.

Qu’est-ce qui t’a tant marqué dans ta carrière de joueur ?
Mes années à l’université où nous avions une ambiance fantastique avec comme capitaine Philippe Tollet. Nous avons ensuite été nombreux à le rejoindre en club, à La Hulpe, et nous avons répercuté au sein du club la même ambiance durant près d’une décennie.

Raconte-nous ces années ?
Nous n’avions pas une grosse technique mais nous étions prêts à mourir pour l’équipe. Nous avions le pire terrain de l’époque, de la boue jusqu’aux genoux et pourtant, plus de 80% des joueurs restaient après chaque entraînement jusqu’à 3h du matin.

A tous les entraînements ?
Oui et le week-end compris ! Nous allions systématiquement tous ensemble au restaurant après les matchs. On était même rejoints par des gars de l’ASUB et de Boitsfort !

Sachant que vous veniez de l’université, la gagne était-elle prioritaire ?
Il n’y avait pas de lignes directrices. Nous nous projetions une semaine à la fois, guère plus, mais quand nous montions sur le terrain, c’était pour gagner.

Philippe Tollet préside désormais le Boitsfort Rugby Club. Est-ce-qu’on peut s’attendre à un derby particulier la saison prochaine entre La Hulpe et le BRC ?
Non, nous sommes situés en plein milieu du triangle ASUB-Boitsfort-ROC. Nos jeunes connaissent tous les jeunes de ces trois clubs. Ce sont donc tous des derbies. Je crois bien même que c’est avec Boitsfort qu’il y a le moins de tensions.

Pourquoi ?
Il y a une rivalité, c’est clair mais il y a aussi un relationnel entre les deux clubs. Nous avons joué Boitsfort en coupe la saison dernière. Les joueurs étaient morts de faim mais je n’ai pas vu une once d’agressivité négative qu’il pourrait y avoir, je pense, avec l’ASUB ou le ROC.


L’équipe de La Hulpe aux débuts des années 90. (Photo D.R.)

La Hulpe aurait donc quelques contentieux à régler avec le ROC et l’ASUB ?
Non, aucun. L’ASUB, c’est juste qu’ils nous prennent de haut, mais déjà à mon époque, quand j’étais joueur, c’était le cas. Nous avions battu l’ASUB en demi-finale de Coupe de Belgique et entendu un nombre incalculable de prétextes ensuite de leur part.

De quand date cette confrontation ?
1997, je crois.

Tu ne sembles pas l’avoir oublié pour un match qui ne concerne plus aucun joueur en activité ?
(Il sourit) Non, c’est anecdotique bien sûr. Cette année-là, nous avions battu tous les gros mais à chaque fois qu’on remportait les matchs, il y avait une excuse de la part de nos adversaires : contre le Kituro, c’était le manque de lumière car nous avions du jouer en nocturne, contre l’ASUB c’était l’arbitre qui était mauvais, contre Visé… On en avait même fait un t-shirt avec plein de points d’interrogation avant d’affronter et de perdre en finale, au Heysel, contre Boitsfort.

Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Corrige-moi mais un des points communs de ces deux équipes, c’est leur jeunesse ?
Oui, très jeunes et beaucoup d’entre eux se connaissent de leurs sélections au niveau national. Ils se sont côtoyés durant des années mais les joueurs de l’ASUB se foutaient un peu d’eux, genre « votre club est nul part », « vos séniors ne sont pas terribles »…

Avec le ROC où se situe la rivalité ?
La proximité. Le ROC, c’est un des clubs du Brabant Wallon qui est venu piquer dans l’effectif de l’école de jeunes de La Hulpe quand nous avons commencé à dégringoler de divisions avec, car il fallait bien donner un argument aux gamins, des discours du genre « regardez, c’est un club fini ».

Ça ne s’oublie pas, n’est-ce-pas ?
Non, bien sûr.

Est-ce-que cela s’entretient ?
Non pas du tout et moi personnellement, le ROC, l’ASUB …(il fait une pause). Bon, l’ASUB peut-être car il y a eu une petite histoire récemment qui fait que, si un jour on les bat, cela me fera particulièrement plaisir.

Que s’est-il passé ?
Rien. Nous étions dans un restaurant à Waterloo. Nous avons croisé l’ASUB et ils nous ont un peu charrié. J’étais surpris car d’un côté, ce sont des jeunes qui se connaissent beaucoup et je ne pense pas que c’était méchant mais voilà… Alors qu’avec les gars de Boitsfort, c’est différent. Les joueurs ne les ont pas pris sur ce point-là. Il y a donc moins cette envie de revanche et en plus, je ne te le cache pas, comme tout le monde, Boitsfort était longtemps notre bête noire mais on a eu de la chance. Nous avons eu une belle génération de juniors qui les a battus plusieurs fois en très peu de temps, ce qui a cassé ce besoin de se prouver.

Quel est l’objectif du club ?
Devenir champion de Belgique !


(Photo D.R.)

En attendant, comment prépares-tu la remontée ?
Avec Philippe Brantegem, qui co-entraîne avec moi les seniors, nous avons déjà commencé avec la mise en place d’un nouveau système de jeu.

En quoi consiste-t-il ?
Sur de la lecture du jeu. Nous essayons d’apprendre à tous les joueurs, du pilier à l’arrière à avoir la même lecture de jeu et donc à identifier les problèmes auxquels nous leur apportons les solutions.

En quoi se différencie-t-il de ton système précédent ?
En division 3, j’avais mis un système de jeu en vue d’obtenir rapidement des résultats. C’était très basique avec des points de rendez-vous, des répétitions afin de permettre à tout le monde d’adopter très rapidement la même lecture du jeu.

Tu es confiant sur l’intégration de ce nouveau système par tes joueurs car généralement, la lecture de jeu s’enseigne chez les plus jeunes ?
Oui, à tel point que nous avons été à deux doigts de monter la saison passée. Et cette saison, depuis le mois d’octobre, vue l’évolution de la saison, on a commencé à introduire des nouveaux éléments et densifier le schéma de la préparation pour être prêt à la division 1.

Avec recul, quel a été le déclic ?
Si je compare le groupe actuel et celui d’il y a cinq ans, je constate un changement d’état d’esprit. Aujourd’hui les gars viennent pour s’amuser mais aussi pour bosser, même en dehors des entraînements. Et, pour ne rien gâcher, ils s’engagent dans la vie du club puisque des U7 aux U19, il y a un senior qui fait partie de chaque staff et qui les accompagne tout au long de la saison, ce qui les ancrent dans le club encore un peu plus.