NicoD a écrit :Peut-être qu'un coup de baguette magique suffirait …
Sinon, oui le maintien est positif car honnêtement, la Belgique est au-dessus du Portugal et des Pays-Bas. et Avec plus de sérieux et on bat l'Allemagne chaque année sans se faire peur.
Maintenant, lorsque l'on voit l'équipe B d'Espagne éclater l'Allemagne, ça laisse songeur. Ils ont des joueurs fit, à leur poste et qui savent jouer ensemble alors que la plupart ont peu de repères communs et évoluent pratiquement tous en Espagne. Pourquoi cela fonctionne chez eux ? Nos joueurs se préparent-ils assez ? Peut-on prévoir un plan national pour développer techniquement et physiquement les jeunes belges ?
Sérieusement, quand je vois les physiques des adversaires, nous avons du retard. Techniquement et tactiquement aussi.
On se fait énormément pénaliser tant en mêlée que dans les regroupements. A qui de corriger ces fautes ?
Puisque tu mentionnes l'Espagne je vais essayer de te répondre...
L'Espagne a commencé a miser sur ce système en 2012 avec Régis Sonnes en tant que sélectionneur. Il vivait déjà en Espagne en tant qu'entraineur de CRC à Madrid et il connaissait ce que la ligue nationale pouvait donner, qui n'était pas grande chose. Il a d'abord essayé en 2010 et 2011 de nombreux joueurs locaux en se prenant des roustes incroyables (22-60 contre le Canada, 0-60 contre la Géorgie, 8-64 contre la Roumanie...), allant même jusqu'au point de dire aux journalistes après une défaite 6-55 contre les England Counties "c'est ça le rugby espagnol et c'est votre problème, non pas le mien". Il a été extrèmement dur mais en même temps il a poussé pour qu'il y ait des playoff dans la ligue pour élargir le nombre de matchs de qualité et a trouvé de nouveaux jeunes joueurs espagnols dans ces lourdes défaites.
À part ça, c'est lui qui a commencé à étudier Itsrugby et autres bases de données pour rechercher des noms de famille d'origine espagnole. Et en 2012 on s'est retrouvé avec une équipe composée de joueurs francoespagnols niveau Top 14 ou ProD2, des jeunes espagnols qui ont survécu à la catastrophe de la saison précédente et les joueurs de 7, avec qui Sonnes a eu une relation très tendue. Résultat: victoire 25-18 contre la Géorgie et 13-12 contre la Roumanie. Depuis, on dit ici que le drop de Peluchon nous a signalé le chemin à suivre. Hélas, il y avait des élections cette année-là et Sonnes avait emmerdé beaucoup trop de monde en Espagne, donc il y a eu changement de sélectionneur et de politique, décidant la nouvelle fédération espagnole de ne plus négotier avec les clubs français. Ils sont allés jusqu'au bout de faire signer un papier aux joueurs (espagnols ou francoespagnols) renonçant à la sélection s'il n'étaient pas disponibles en permanence... Un vrai délire qui nous a laissé dernier du ENC 2013 après les nuls contre vous et le Portugal.
La fédération, déjà en chemin de la banqueroute, a viré Bryce Bevin et appelé Santiago Santos (ils devaient faire confiance en un espagnol car il n'y avait pas un sous). Et le président de Heineken Espagne, un français, leur a donné le contact de Jean-Michel Aguirre en tant qu'ami pour qu'il rétablisse les relations avec les club français. Le tandem Santos-Aguirre est clé pour comprendre pourquoi l'Espagne est où elle est maintenant. Santos est non seulement le sélectionneur senior mais le directeur sportif de la FER. C'est lui qui s'est occupé de construire une philosophie de jeu basée sur le rugby de mouvement (en assumant déjà que nous n'allons jamais être aussi forts que les joueurs de l'Est), de
rédiger et enregistrer des pièces pour que les entraineurs jeunes imitent, de préparer un système d'académie nationale
basée sur des centres régionaux, c'est lui qui choisit les joueurs qui vont en équipe moins de 20 ans, c'est son adjoint qui les entraine... Et puis Aguirre s'occupe de bien arroser les repas et les diners avec les dirigeants des clubs français pour qu'ils laissent disponibles leurs joueurs en étant extrèmement flexible. Si un joueur n'est libéré que mercredi ou jeudi, on fait tout pour qu'il y arrive (Civil contre la Roumanie). Si le club a besoin de lui, il retourne vite. Si un jeune commence a faire des feuilles de match on ne l'appelle pas pour ne pas l'embêter (Munilla à Béziers). Si le club exige que le joueur soit lundi matin à l'entrainement, une voiture les attend à la sortie du stade dimanche après-midi pour qu'ils y soient.
Ça fait déjà plus de cinq ans qu'on travaille ainsi. La FER accepte que nous ne sommes que des p**** des clubs français car notre budget reste modeste (plus grand qu'en Belgique, oui, mais le 7 masculin et féminin et le XV féminin dépensent aussi beaucoup), donc Santos travaille avec un group très élargi et y rajoute des joueurs qu'il connait depuis qu'ils ont 18, 19 ans. Ils connaissent la méthodologie, le système de jeu, l'exigence... Avant de débuter en REC, ils ont déjà participé à plusieurs séances d'entrainement ou on les a emmené en juin à la Nations Cup ou jouer contre les England Counties parce qu'à cette époque là les pros sont en repos. De plus, cette saison on a rajouté trois jours de concentration par mois près de la frontière française pour qu'un plus grand nombre de joueurs s'y adapte.
Bien évidemment nous dépendons énormement encore des joueurs nés en France, mais grace au travail de la fédération et des clubs (il y a probablement 18000 mineurs jouant au rugby en Espagne maintenant et les budgets pour signer des joueurs pros augmentent) on se retrouve avec des joueurs fait-maison qui parviennent à donner le niveau. Guillaume Rouet est toujours notre premier choix en 9, mais derrière lui et Lucas Rubio il y a Tomas Munilla, Facundo Munilla et Kerman Aurrekoetxea. En troisième ligne on aurait bien aimé avoir Gautier Giboin ou Pierre Barthère plus d'un match, mais on a redécouvert Oier Goia et Koi Hogg après plusieurs années de 'désert' entre U20 et senior... Aux centres, puisque Perrin est en ProD2, notre paire est celle qui a finit 2ème au World Rugby Trophy U20 en 2016, Gimeno et Rabago, l'ailier Jorba formant partie également de cette équipe là, aussi bien que le pilier Zabala. Ils ne viennent pas de nulle part, ce sont des types qui ont parvenu à
pousser les Samoa en prolongation dans la finale ce tournoi là. Je suis désolé mais de l'extérieur je ne peux pas comprendre comment la Belgique peut se passer de l'Euro U20...